79. Au Père Ludwig Beda, O.S.B., Kloster Andesch, Allemagne In Voluntate Dei
Très révérend Père,
Jésus vous remercie de la bonté de m’avoir écrit. Quel réconfort vous avez apporté à ma pauvre âme et à mon confesseur Don Benedetto ! Tous, nous avons eu de tristes moments. Jésus lui-même a pleuré amèrement et Le voir pleurer m’a déchiré le cœur. C’était une grande démonstration d’Amour, en nous révélant ce que la Céleste Reine allait faire (commencer), combien elle nous aime et combien lui tient à cœur de nous enseigner comment vivre et grandir dans la Divine Volonté et combien elle voulait nous nourrir avec l’aliment du divin Fiat. Quand en Italie est sorti le livre « La Reine du Ciel dans le Règne de la Divine Volonté », cette bonne mère a fait le premier pas pour nous faire comprendre combien elle nous aime ! Tellement qu’elle nous prend sur ses genoux pour nous donner ce bien dont elle est porteuse. Mais les machinations des ennemis de son petit livre freinent son pas et Elle-même est renvoyée dans les régions célestes. Là, avec une invincible patience, elle attend le changement des temps, des personnes et des conditions, pour reprendre sa route et donner ce que maintenant on méprise.
Révérend Père, c’est la Volonté de Dieu que son Règne vienne sur terre, il est donc tout à fait certain qu’il arrivera soit par l’amour, soit par les punitions. Autrement la création serait une œuvre privée de son couronnement. Dieu paraitrait comme impotent devant les autres créatures qui possèdent la fécondité, parce que la Volonté Divine, seule, ne pourrait pas susciter sa Vie divine dans nos âmes. Non, cela, non. Nous sommes convaincus que le Règne de son Vouloir arrivera.
Permettez, Père, que je vous ouvre mon cœur comme une enfant. Le Ciel même a pris le deuil pour l’interdiction des livres. Les mauvais esprits de la terre et de l’enfer font la fête, parce ce que la Divine Volonté a une telle force, que déjà une seule connaissance d’Elle, un mot sur Elle et une action accomplie avec Elle, font que les esprits des ténèbres éprouvent une grande torture, leur puissance se paralyse et les tourments de l’enfer augmentent. Donc, on devrait avoir à cœur de faire connaître ce Règne du Divin Vouloir et de vivre en Lui.
Vous devez savoir aussi que dès que nous avons l’intention de faire un acte, le suprême Fiat, pour ainsi dire, nous épie pour voir si nous l’appelons dans nos actes. Si oui, il jouit , nous embrasse, nous caresse, nous embellit, nous sanctifie et purifie nos actes ; puis le Seigneur prononce sur eux son Fiat et fait avec eux ses miracles. Nos actions forment alors le vêtement qui couvre la divine collaboration, remplit Ciel et terre… Père, si nous savions combien de miracles et de prodiges sont enfermés dans la Vie de la Divine Volonté, nous donnerions notre vie pour recevoir tant de biens.
Oui, Père, c‘est vrai, Jésus m’a parlé de l’Index, mais aussi de sa grande douleur et il m’a dit qu’il se sentait de nouveau condamné à mort, non par ses ennemis, mais par ses amis et il a ajouté que justement à cause de la condamnation des livres, Il ferait ressusciter son Règne au milieu des peuples.
Voulez-vous savoir qui a fait mettre les livres à l’Index ? Ce sont certains religieux de la Ligurie. Que le Seigneur les sanctifie ! mais Il a dit qu’il s’en moque, Il attendra patiemment le temps où celui qui est dans un lieu sûr sera précipité ; et si aujourd’hui ils voient noir, demain ils verront blanc.
Prions et cherchons notre séjour dans la Divine Volonté. Faisons de notre volonté la cellule secrète où Jésus nous parle et nous révèle ses secrets, mais où aussi Il nous révèle ses douleurs, parce que pour l’instant son Divin Vouloir ne peut atteindre la domination. Ainsi nous ferons poindre l’aurore qui appellera le midi du Fiat parmi les peuples.
Je me recommande instamment à vos prières, comme aussi mon confesseur Don Benedetto . Je prierai de tout mon cœur pour vous afin que la vie du Divin Vouloir se stabilise toujours davantage en vous. Elle vous fera sentir le besoin de communiquer ce bien que vous possédez.
En embrassant votre sainte main et en demandant votre bénédiction,
Je suis la servante très dévouée de Dieu
80. A sœur Remigia
Ma bonne fille, Sœur Remigia,
Merci pour tes vœux de Pâques et de saint Louis. Mais ce que je te recommande est de ne jamais perdre la paix et de ne pas penser à tes misères et faiblesses. Plus tu y penses, plus tu les sentiras et vraiment tu feras pleurer Jésus ; tandis qu’en n’y pensant pas, le cher Jésus les couvrira de son Amour et la Lumière de son Vouloir les changera en force et richesse divine. Oh, comme je voudrais que tu ne t’occupes que de vivre de Volonté Divine, pour faire que le doux Jésus vive toujours avec toi ! Ne Le perds jamais de vue, ma fille, ne Le laisse jamais seul dans ton cœur ! Que tout ce que tu fais, serve à courtiser et à aimer Jésus. Lui regarde tout ce que tu fais, si ce sont des choses dirigées de ton cœur pour l’aimer et lui tenir compagnie. Et oh, comme il est attristé, quand tes actes externes ne sont pas l’écho de ton intérieur, en lui portant tes baisers, ton amour, ta compagnie désirée !… Si tu veux être sainte, vis toujours avec Jésus ; Lui prend l’engagement de faire de toi sa copie fidèle, jusqu’à ce que tu puisses dire : « Jésus a fait de moi un autre Jésus ». Cela est son but. Ma fille, contente-le.
Prie pour moi. Te laissant dans les bras de la Divine Volonté, comme une enfant qui fait tout faire à sa maman, je me dis très affectueusement ta tante,
La petite fille de la Divine Volonté
Corato, 26-6-1939
81 . A Mère Cecilia
Ma bonne et révérende Mère,
Merci beaucoup pour vos souhaits et vos lettres de Pâques qui m’ont ravie, même pour les bêtises que vous dites m’avoir envoyées ; merci pour tout. Je sens très vivement ma reconnaissance et bien que vous m’ayez oubliée, moi, je ne vous oublierai jamais. Comme je suis un être incapable de faire du bien, je prie donc par celui qui m’a beaucoup aimée et peut-être m’aime encore, parce que dans mes conditions présentes il semble que je sois tombée en disgrâce chez tous, mais pas chez mon cher Jésus, et cela me suffit.
Donc, ma très chère Mère, je ne fais rien d’autre que de prier le Vouloir Divin qu’Il supplée à mes carences en vous donnant la très grande grâce de vous enfermer dans sa Volonté où vous trouverez tout ce dont vous aurez besoin pour devenir une grande sainte. Vous n’appartiendrez plus à la famille humaine, mais à la famille divine. Vous aurez à votre disposition la Lumière, l’Amour, la Sainteté. Ainsi vos peines, votre caractère (dont vous me parliez dans la lettre de Pâques) seront investis par les peines et le caractère divin, tout se changera en amour. L’amour vous rendra tout facile ; bien plus, vous ne ferez rien toute seule, mais toujours avec un Vouloir si saint qu’il est tout-puissant.
Je crois que vous apprécierez mes pauvres prières, ma mère. Il ne nous reste plus qu’à vivre en fermant nos oreilles à tout si nous voulons être en paix même dans les plus grandes tempêtes. Le Seigneur seul sait ce qui est en train de se passer et par des personnes que nous n’attendions pas. On ne pouvait jamais penser que chez des religieux il y ait tant de perfidies. Le Seigneur les bénit tous et défend son Saint Vouloir, qui désire tant être connu. Donc, prions.
Je remercie aussi toute la communauté. Je prie pour que chacune d’entre vous, si elle veut devenir sainte se cache dans le Vouloir Divin. C’est avec les plus petites choses, avec des riens, que se forment les grosses pierres permettant de donner au Fiat Divin de fabriquer notre sainteté ; ainsi, une attention, une pensée, un mot que l’on a tu, un soupir voulu par le Saint Vouloir, voilà qui est suffisant.
Ma Mère, priez pour moi. Quand nous reverrons-nous ? Mais Fiat, Fiat ! Je vous laisse dans le Vouloir Divin ainsi, malgré notre éloignement nous serons unies. Et en baisant votre main droite, je me dis toujours très affectueusement vôtre ..,