Jeudi 8 avril 2021 - Missionnaires de la Divine Volonté
De l’Evangile de Luc 24, 35-48
 Alors il leur ouvrit l’intelligence pour qu’ils comprennent les Écritures. Lc 24,45
Chaque fois que mon Fiat accomplit son premier acte dans l’intelligence de la créature, avec sa puissance, il étend sa capacité afin de pouvoir enclore une nouvelle intelligence divine dans l’esprit de la créature.

 

Tome 27, 20 janvier 1930
Ma fille, lorsque ma Divine Volonté règne dans l’âme, elle assume en elle le rôle d’opération et de direction. Il n’est pas une chose que l’âme fasse sans que ma Divine Volonté ne place son premier acte pour appeler son acte divin sur l’acte de la créature. Ainsi, lorsqu’elle pense, elle forme sa première pensée et appelle toute la sainteté, toute la beauté, tout l’ordre de la divine intelligence ; et comme la créature est incapable de recevoir notre intelligence, et n’a pas non plus pour cela l’espace suffisant, chaque fois que
mon Fiat accomplit son premier acte dans l’intelligence de la créature, avec sa puissance, il étend sa capacité afin de pouvoir enclore une nouvelle intelligence divine dans l’esprit de la créature. On peut dire par conséquent que là où elle règne, ma Volonté est la première à respirer, la première à palpiter, le premier acte de la circulation du sang, afin de former dans la créature sa respiration divine, sa palpitation de lumière, et dans la circulation du sang la transformation totale de sa Divine Volonté dans l’âme et le corps de la créature. Et en faisant cela, elle lui donne la vertu et la rend capable de respirer avec le souffle divin, de battre avec sa palpitation de lumière, de sentir le tout de sa vie divine, mieux que le sang qui circule dans tout son être. Par conséquent, partout où règne ma Volonté, c’est la condition d’actrice qui ne cesse d’être en opération ; et en se faisant spectatrice, elle fait ses délices de ses scènes divines qu’elle-même déploie dans la créature qui prête son être comme une matière entre ses mains pour la laisser déployer les scènes les plus merveilleuses et les plus belles que mon Fiat veut réaliser dans l’âme où règne et domine mon divin Vouloir.

Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
La pièce s’illumine vivement comme par un éclair éblouissant. Les apôtres se cachent le visage, craignant que ce soit la foudre, mais ils n’entendent pas de bruit et ils lèvent la tête.

Jésus est au milieu de la pièce, près de la table. Il ouvre les bras en disant :

“La Paix soit avec vous.”

Personne ne répond. Les uns sont plus pâles, d’autres plus rouges, ils le fixent tous, craintifs et suggestionnés, fascinés et en même temps comme pris par le désir de fuir.

Jésus fait un pas en avant en souriant davantage.

“Mais ne craignez pas ainsi ! C’est Moi. Pourquoi êtes-vous ainsi troublés ? Ne me désiriez-vous pas ? Ne vous avais-je pas fait dire que je serais venu ? Ne vous l’avais-je pas dit dès le soir de Pâque ?”

Personne n’ose parler. Pierre pleure déjà et Jean sourit déjà pendant que les deux cousins, les yeux brillants et remuant les lèvres sans réussir à parler, semblent deux statues représentant le désir.

“Pourquoi avez-vous dans vos cœurs des pensées si opposées entre le doute et la foi, entre l’amour et la crainte ? Pourquoi voulez-vous être encore chair et non pas esprit, et avec celui-ci seulement, voir, comprendre, juger, agir ? Sous la flamme de la douleur ne s’est-il pas brûlé entièrement le vieux moi et n’a-t-il pas surgi le nouveau moi d’une vie nouvelle ?

291>  627.6 – Je suis Jésus. Votre Jésus ressuscité, comme il vous l’avait dit. Regardez. Toi qui as vu mes blessures et vous qui ignorez ma torture. Car ce que vous savez est bien différent de la connaissance exacte qu’en a Jean. Viens, toi, le premier. Tu es déjà tout à fait pur, si pur que tu peux me toucher sans crainte. L’amour, l’obéissance, la fidélité t’avaient déjà rendu pur. Mon Sang, dont tu as été tout inondé quand tu m’as déposé de la Croix, a fini de te purifier. Regarde. Ce sont de vraies mains et de vraies blessures. Observe mes pieds. Vois comment cette marque est celle du clou ? Oui, c’est vraiment Moi et non pas un fantôme. Touchez-moi. Les spectres n’ont pas de corps. Moi, j’ai une vraie chair sur un vrai squelette.”

Il met sa main sur la tête de Jean qui a osé aller près de Lui :

“Tu sens ? Elle est chaude et lourde.”

Il lui souffle sur le visage :

“Et ceci c’est la respiration.”

“Oh ! mon Seigneur !” Jean murmure doucement, ainsi…

“Oui, votre Seigneur. Jean, ne pleure pas de crainte et de désir. Viens vers Moi. Je suis toujours Celui qui t’aime. Assoyons-nous, comme toujours, à la table. N’avez-vous rien à manger ? Donnez-le-moi donc.”

André et Matthieu, avec des mouvements de somnambules, prennent sur les crédences les pains et les poissons, et un plateau avec un rayon de miel à peine entamé dans un coin.

Jésus offre la nourriture et mange et il donne à chacun un peu de ce qu’il mange. Et il les regarde, si bon mais si majestueux, qu’ils en sont paralysés.

627.7 – Le premier qui ose parler c’est Jacques, frère de Jean :

“Pourquoi nous regardes-tu ainsi’ ?”

“Parce que je veux vous connaître.”

“Tu ne nous connais pas encore ?”

“Comme vous ne me connaissez pas. Si vous me connaissiez, vous sauriez qui je suis et vous trouveriez les mots pour me dire votre tourment. Vous vous taisez, comme en face d’un étranger puissant que vous craignez. Tout à l’heure vous parliez… Cela fait presque quatre jours que vous vous parlez à vous-mêmes en disant : ‘Je Lui dirai ceci…” en disant à mon Esprit : “Reviens, Seigneur, que je puisse te dire ceci”. Maintenant je suis venu et vous vous taisez ? Suis-je tellement changé que je ne vous paraisse plus Moi ? Ou bien êtes-vous tellement changés que vous ne m’aimez plus ?”

292> Jean, assis près de son Jésus, fait son acte habituel de mettre la tête sur sa poitrine en murmurant :

“Moi je t’aime, mon Dieu”

Mais il se raidit pour s’interdire cet abandon par respect pour le resplendissant Fils de Dieu. En effet Jésus semble dégager une lumière tout en étant d’une Chair semblable à la nôtre. Mais Jésus l’attire sur son Cœur et alors Jean ouvre les digues à ses pleurs bienheureux.

C’est le signal pour tous de le faire.

627.8 – Pierre, deux places après Jean, glisse entre la table et son siège et il pleure en criant :

“Pardon, pardon ! Enlève-moi de cet enfer où je suis depuis tant d’heures. Dis-moi que tu as vu mon erreur pour ce qu’elle a été. Pas de l’esprit, mais de la chair qui a dominé le cœur. Dis-moi que tu as vu mon repentir… Il durera jusqu’à la mort. Mais Toi.., mais Toi dis-moi que comme Jésus je ne dois pas te craindre… et moi, et moi je chercherai de faire si bien que je me ferai pardonner même par Dieu.., et mourir.., ayant seulement un grand purgatoire à faire.”

“Viens ici, Simon de Jonas.”

“J’ai peur.”

“Viens ici. Ne sois pas plus lâche.”

“Je ne mérite pas de venir près de Toi.”

“Viens ici. Que t’a dit la Mère ? “Si tu ne le regardes pas sur ce suaire, tu n’auras pas le courage de le regarder jamais plus” [2]. Oh ! homme sot ! Ce Visage ne t’a-t-il pas dit, par son regard douloureux, que je te comprenais et que je te pardonnais ? Et pourtant je l’ai donné ce linge, pour réconfort, pour guide, pour absolution, pour bénédiction… Mais que vous a fait Satan pour vous aveugler à ce point ? Maintenant Moi, je te dis : si tu ne me regardes pas maintenant que sur ma gloire j’ai encore étendu un voile pour me mettre à la portée de votre faiblesse, tu ne pourras jamais plus venir sans peur à ton Seigneur. Et que t’arrivera-t-il alors ? Tu as péché par présomption. Veux-tu maintenant pécher de nouveau par obstination ? Viens, te dis-je.”

Pierre se traîne sur ses genoux, entre la table et les sièges, avec les mains sur son visage en pleurs. Jésus l’arrête, quand il est à ses pieds, en lui mettant la main sur la tête. Pierre, en pleurant plus fort, prend cette main et la baise dans un vrai sanglot sans frein.

293> Il ne sait dire que :

“Pardon ! Pardon !”

Jésus se dégage de son étreinte et, en faisant levier de sa main sous le menton de l’apôtre, il l’oblige à lever la tête et fixe ses yeux rougis, brûlés, déchirés par le repentir avec ses yeux brillants et sereinsIl semble vouloir lui transpercer l’âme, puis il dit :

“Allons. Enlève l’opprobre de Judas. Embrasse-moi où il m’a embrassé. Lave, avec ton baiser, la marque de la trahison.”

Pierre lève la tête pendant que Jésus se penche encore davantage, et il effleure Sa joue puis il incline la tête sur les genoux de Jésus, et il reste ainsi.., comme un vieil enfant qui a fait du mal, mais qui est pardonné.

627.9 – Les autres, maintenant qu’ils voient la bonté de leur Jésus, retrouvent un peu de hardiesse et ils s’approchent comme ils peuvent.

Viennent d’abord ses cousins… Ils voudraient dire tant de choses et n’arrivent à rien dire. Jésus les caresse et leur donne du courage par son sourire.

Matthieu vient avec André.

Matthieu en disant :

“Comme à Capharnaüm…”

Et André :

“Moi, moi.., je t’aime, moi.”

Barthélemy vient en gémissant :

“Je n’ai pas été sage, mais sot, Lui est sage”

Et il montre le Zélote auquel Jésus sourit déjà.

Jacques de Zébédée vient et murmure à Jean :

“Dis-le-lui, toi…”

Jésus se tourne et dit :

“Tu l’as dit depuis quatre soirs et depuis autant de temps j’ai eu de la compassion pour toi.”

Philippe, en dernier lieu, vient tout courbé, mais Jésus le force a lever la tête et lui dit :

“Pour prêcher le Christ, il faut davantage de courage.”

627.10 – Maintenant ils sont tous autour de Jésus. Ils s’enhardissent tout doucement, Ils retrouvent ce qu’ils ont perdu ou craint d’avoir perdu pour toujours. Affleurent de nouveau la confiance, la tranquillité et, bien que Jésus soit si majestueux qu’il tient ses apôtres dans un respect nouveau, ils trouvent finalement le courage de parler.

C’est son cousin Jacques qui dit en soupirant :

“Pourquoi nous as-tu fait cela, Seigneur ? Tu savais que nous ne sommes rien et que toute chose vient de Dieu. Pourquoi ne nous as-tu pas donné la force d’être à tes côtés ?”

294> Jésus le regarde et sourit.

“Maintenant tout est arrivé. Et tu ne dois plus rien souffrir, mais ne me demande plus cette obéissance. Chaque heure m’a vieilli d’un lustre et tes souffrances que l’amour et Satan augmentaient également, dans mon imagination, de cinq fois ce qu’elles ont été ont vraiment consumé toutes mes forces. Il ne m’est resté rien d’autre pour continuer à obéir que de tenir, comme quelqu’un qui se noie avec les mains blessées, ma force avec la volonté comme des dents qui serrent une planche, pour ne pas périr… Oh ! ne demande plus cela à ton lépreux !”

Jésus regarde Simon le Zélote et sourit.

“Seigneur, tu sais ce que voulait mon cœur. Mais, ensuite, je n’ai plus eu de cœur.., comme s’ils me l’avaient arraché les gredins qui t’ont pris.., et il m’est resté un trou d’où fuyaient toutes mes pensées antérieures. Pourquoi as-tu permis cela, Seigneur ?” demande André.

“Moi… tu parles de cœur ? Moi je dis que j’ai été quelqu’un qui n’a plus de raison, comme quelqu’un qui reçoit un coup de massue sur la nuque. Quand la nuit venue je me suis trouvé à Jéricho… Oh ! Dieu ! Dieu !… Mais un homme peut-il périr ainsi ? Je crois que c’est ainsi la possession. Maintenant je comprends ce qu’est cette chose redoutable !…”

Philippe écarquille encore les yeux en se rappelant sa souffrance.

“Tu as raison, Philippe. Moi je regardais en arrière. Je suis âgé et non dépourvu de sagesse, et je ne savais plus rien de ce que j’avais su jusqu’à cette heure.
627.11 – Je regardais Lazare, si déchiré mais si sûr, et je me disais : “Comment peut-il se faire que lui sache encore trouver une raison et moi plus rien ?”” dit Barthélemy.

“Moi aussi, je regardais Lazare. Et, puisque je sais à peine ce que tu nous as expliqué, je ne pensais pas au savoir, mais je disais : ‘Si au moins j’avais le même cœur !” Au contraire je n’avais que douleur, douleur, douleur. Lazare avait la douleur et la paix… Pourquoi tant de paix pour lui ?”

Jésus regarde tour à tour d’abord Philippe, puis Barthélemy, puis Jacques de Zébédée. Il sourit et se tait.

295>  Jude dit : “Moi j’espérais arriver à voir ce que certainement Lazare voyait. Aussi je restais toujours près de lui… Son visage !… Un miroir. Un peu avant le tremblement de terre de Vendredi il était comme quelqu’un qui meurt broyé, et puis il devint tout d’un coup majestueux dans sa douleur. Vous rappelez-vous quand il dit : “Le devoir accompli donne la paix” ? Nous crûmes nous tous que c’était seulement un reproche pour nous ou une approbation pour lui-même. Maintenant je pense qu’il le disait pour Toi. C’était un phare dans nos ténèbres Lazare. Combien tu lui as donné, Seigneur !”

Jésus sourit et se tait.

“Oui. La vie. Et peut-être avec elle tu lui as donné une âme différente. Pourquoi, enfin, lui est-il différent de nous ? En effet, il n’est plus un homme. Il est déjà quelque chose de plus qu’un homme et, à cause de ce qu’il était dans le passé, il aurait dû être encore moins parfait d’esprit que nous. Mais lui s’est fait, et nous… Seigneur, mon amour a été vide comme certains épis. Il n’a donné que de la balle” dit André.

Et Matthieu :

“Moi, je ne puis rien demander. Car j’ai déjà tant eu avec ma conversion. Mais, oui ! J’aurais voulu avoir ce qu’a eu Lazare. Une âme donnée par Toi, Car je pense moi aussi comme André…”

“La Madeleine et Marthe ont été aussi des phares. Serait-ce la race. Vous ne les avez pas vues. L’une était pitié et silence. L’autre ! Oh ! si nous avons été tous un faisceau autour de la Bénie, c’est parce que Marie de Magdala nous a groupés par les flammes de son courageux amour. Oui, j’ai dit : la race. Mais je dois dire : l’amour. Ils nous ont dépassés en fait d’amour. C’est pour cela qu’ils ont été ce qu’ils ont été” dit Jean.

Jésus sourit et continue de se taire.

“Ils en ont été grandement récompensés pourtant… ”

“C’est à eux que tu es apparu.”

“À tous les trois.”

“À Marie, tout de suite après ta Mère…”

Il est visible que les apôtres ont un regret pour ces apparitions privilégiées.

“Marie te sait ressuscité depuis déjà tant d’heures. Et nous, c’est seulement maintenant que nous pouvons te voir… ”

296> “Il n’y a plus de doutes en elles. En nous, au contraire, voilà… c’est seulement maintenant que nous sentons que rien n’est fini. Pourquoi à elles, Seigneur, si tu nous aimes encore et si tu ne nous repousses pas ?” demande Jude d’Alphée.

“Oui. Pourquoi aux femmes, et en particulier à Marie ? Tu as même touché son front et elle dit qu’il lui semble porter une couronne éternelle. Et à nous, tes apôtres, rien…”

627.12 – Jésus ne sourit plus. Son visage n’est pas troublé, mais il ne sourit plus. Il regarde sérieusement Pierre qui a parlé le dernier, reprenant de la hardiesse à mesure que sa peur se dissipe, et il dit :

“J’avais douze apôtres. Et je les aimais de tout mon Cœur. Je les avais choisis, et comme une mère j’avais pris soin de les faire grandir dans ma Vie. Je n’avais pas de secrets pour eux. Je leur disais tout, je leur expliquais tout, je leur pardonnais tout. Leurs idées humaines, leurs étourderies, leurs entêtements.., tout. Et j’avais des disciples. Des disciples riches et des pauvres. J’avais des femmes au passé ténébreux ou de faible constitution. Mais les préférés, c’était les apôtres.

Mon heure est venue. L’un m’a trahi et livré aux bourreaux. Trois ont dormi pendant que je suais du sang. Tous, sauf deux, ont fui par lâcheté. Un m’a renié par peur, bien qu’il eût l’exemple de l’autre, jeune et fidèle. Et, comme si cela ne suffisait pas, j’ai eu parmi les douze le suicide d’un désespéré et un qui a tant douté de mon pardon qu’il n’a cru que difficilement, et grâce à la parole maternelle, à la Miséricorde de Dieu. En sorte que si j’avais regardé ma troupe, et si j’avais attaché sur elle un regard humain, j’aurais dû dire : “À part Jean, fidèle par amour, et Simon, fidèle à l’obéissance, je n’ai plus d’apôtres”. C’est cela que j’aurais dû dire pendant que je souffrais dans l’enceinte du Temple, au Prétoire, dans les rues et sur la Croix.

627.13 – J’avais des femmes… L’une d’elles, la plus coupable dans le passé, a été, comme Jean l’a dit, la flamme qui a soudé les fibres brisées des cœurs. Cette femme c’est Marie de Magdala. Tu m’as renié et tu as fui. Elle a bravé la mort pour rester près de Moi. Insultée, elle a découvert son visage, prête à recevoir les crachats et les gifles en pensant qu’elle ressemblait ainsi davantage à son Roi crucifié. Méprisée, au fond des cœurs, à cause de sa foi tenace en ma Résurrection, elle a su continuer à croire. Déchirée, elle a agi. Désolée, ce matin, elle a dit : “Je me dépouille de tout, mais donnez-moi mon Maître”. Peux-tu encore demander : ‘Pourquoi à elle ?”

297>  J’avais des disciples pauvres, des bergers. Je les ai peu approchés, et pourtant comme ils ont su me confesser par leur fidélité !

J’avais des disciples timides, comme toutes les femmes de ce pays. Et pourtant elles ont su quitter leurs maisons et venir dans la marée d’un peuple qui me blasphémait, pour me donner le secours que mes apôtres m’avaient refusé.

J’avais des païennes qui admiraient le “philosophe”. J’étais cela pour elles. Mais elles ont su s’abaisser aux usages hébreux, les puissantes romaines, pour me dire, à l’heure de l’abandon d’un monde ingrat : “Nous sommes pour Toi des amies”.

627.14 – J’avais le visage couvert de crachats et de sang. Les larmes et la sueur coulaient sur mes blessures. La saleté et la poussière m’incrustaient la peau. Quelle est la main qui m’a essuyé ? La tienne ? Ou la tienne ? Ou la tienne ? Aucune de vos mains. Celui-ci était près de la Mère. Celui-ci rassemblait les brebis dispersées. Vous. Et si mes brebis étaient dispersées comment pouvaient-elles me donner du Secours ? Tu cachais ton visage par peur du mépris du monde pendant que ton Maître était couvert par le mépris de tout le monde, Lui qui était innocent.

J’avais soif. Oui. Sache aussi cela. Je mourais de soif. Je n’avais plus que fièvre et douleur, Le Sang avait déjà coulé au Gethsémani, tiré par la douleur d’être trahi, abandonné, renié, frappé, submergé par le nombre infini des fautes et par la rigueur de Dieu. Et il avait coulé au Prétoire… Qui a pensé à me donner une goutte pour mon gosier brûlé ? Une main d’Israël ? Non. La pitié d’un païen. La même main qui, par un décret éternel, m’ouvrit la poitrine pour montrer que mon Cœur avait déjà une blessure mortelle, et c’était celle que l’absence d’amour, la lâcheté, la trahison, m’avaient faite. Un païen. Je vous le rappelle : “J’ai eu soif et tu m’as donné à boire”. Il n’y en eut pas un pour me réconforter dans tout Israël. Ou par impossibilité de le faire, comme la Mère et les femmes fidèles, ou par mauvaise volonté. Et un païen trouva pour l’inconnu la pitié que mon peuple m’avait refusée. Il trouvera au Ciel la gorgée qu’il m’a donnée.

298> En vérité, je vous le dis : j’ai refusé tout réconfort, car quand on est Victime, il ne faut pas adoucir son sort, mais je n’ai pas voulu repousser le païen dans l’offrande duquel j’ai goûté le miel de tout l’amour qui me sera donné par les gentils pour compenser l’amertume que m’a donnée Israël. Il ne m’a pas enlevé la soif. Mais le découragement, oui. C’est pour cela que j’ai pris cette gorgée ignorée. Pour attirer à Moi celui qui déjà penchait vers le Bien. Que le Père le bénisse pour sa pitié !

627.15 – Vous ne parlez plus ? Pourquoi ne me demandez-vous pas encore pourquoi j’ai agi ainsi ? Vous n’osez pas le demander ? Je vais vous le dire. Je vais tout vous dire des pourquoi de cette heure.

Qui êtes-vous ? Mes continuateurs. Oui. Vous l’êtes malgré votre égarement. Que devez-vous faire ? Convertir le monde au Christ. Convertir ! C’est la chose la plus difficile et la plus délicate, mes amis. Le dédain, le dégoût, l’orgueil, le zèle exagéré sont tous très nuisibles pour réussir. Mais comme rien ni personne ne vous auraient amené à la bonté, à la condescendance, à la charité, pour ceux qui sont dans les ténèbres, il a été nécessaire — vous comprenez ? — il a été nécessaire que vous ayez, une bonne fois, brisé votre orgueil d’hébreux, de mâles, d’apôtres, pour faire place à la vraie sagesse de votre ministère, à la douceur, à la pitié, à l’amour sans arrogance ni dégoût.

Vous voyez que tous vous ont surpassé dans la foi et dans l’action parmi ceux que vous regardiez avec mépris ou une compassion orgueilleuse. Tous. Et l’ancienne pécheresse. Et Lazare, trempé d’une culture profane, le premier qui a pardonné et guidé en mon Nom. Et les femmes païennes. Et la faible épouse de Kouza. Faible ? En réalité, elle vous surpasse tous ! Première martyre de ma foi. Et les soldats de Rome. Et les bergers. Et l’hérodien Manaën. Et jusqu’au rabbin Gamaliel. Ne sursaute pas, Jean. Crois-tu que mon Esprit était dans les ténèbres ? Tous. Et cela pour que demain, en vous rappelant votre erreur, vous ne fermiez pas votre cœur à ceux qui viennent à la Croix.

Je vous le dis. Et déjà je sais que, bien que je vous le dise, vous ne le ferez que quand la Force du Seigneur vous pliera comme des brindilles à ma Volonté, qui est d’avoir des chrétiens de toute la Terre. J’ai vaincu la Mort, mais elle est moins dure que le vieil hébraïsme. Mais je vous plierai.

627.16 – Toi, Pierre, au lieu de rester en pleurs et humilié, toi qui dois être la Pierre de mon Église, grave ces amères vérités dans ton cœur. La myrrhe sert à préserver de la corruption. Imprègne-toi donc de myrrhe.

299> Et quand tu voudras fermer ton cœur et l’Église à quelqu’un d’une autre foi, rappelle-toi que ce n’est pas Israël, pas Israël, pas Israël, mais Rome qui m’a défendu et a voulu avoir pitié. Rappelle-toi que ce n’est pas toi, mais une pécheresse qui a su rester au pied de la Croix et a mérité de me voir la première. Et pour ne pas mériter le blâme sois l’imitateur de ton Dieu. Ouvre ton cœur et l’Église en disant : “Moi, le pauvre Pierre, je ne puis mépriser car si je méprise je serai méprisé par Dieu et mon erreur redeviendra vivante à ses yeux”. Malheur si je ne t’avais pas brisé ainsi ! Ce n’est pas un berger mais un loup que tu serais devenu.”

627.17 – Jésus se lève avec la plus grande majesté.

“Mes fils, je vous parlerai encore pendant le temps que je resterai parmi vous. Mais pour l’instant je vous absous et vous pardonne. Après l’épreuve qui, si elle a été humiliante et cruelle, a été aussi salutaire et nécessaire, que vienne en vous la paix du pardon. Et avec elle dans vos cœurs redevenez mes amis fidèles et courageux. Le Père m’a envoyé dans le monde. Je vous envoie dans le monde pour continuer mon évangélisation. Des misères de toutes sortes viendront à vous pour vous demander du soulagement. Soyez bons en pensant à votre misère quand vous êtes restés sans votre Jésus. Soyez éclairés. Dans les ténèbres, il n’est pas permis de voir. Soyez purs pour donner la pureté. Soyez amour pour aimer. Puis viendra Celui qui est Lumière, Purification et Amour.

Mais, en attendant, pour vous préparer à ce ministère, je vous communique l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. Que votre expérience vous rende justes pour juger. Que l’Esprit Saint vous rende saints pour sanctifier. Que la volonté sincère de surmonter votre manque vous rende héroïques pour la vie qui vous attend. Ce que j’ai encore à dire, je vous le dirai quand l’absent sera revenu. Priez pour lui. Restez dans ma paix et sans agitation de doute sur mon amour.”

Et Jésus disparaît comme il était entré, laissant une place vide entre Jean et Pierre. Il disparaît dans une lueur qui fait fermer les yeux tant elle est forte.

Et quand les yeux éblouis se rouvrent, ils trouvent seulement que la paix de Jésus est restée, flamme qui brûle et qui soigne et consume les amertumes du passé dans un désir unique : servir.