La noirceur du péché retient l’amour à l’étroit dans le Sein maternel où il étouffe.
“Ma fille, partage mon intimité. Viens toujours plus près de moi et demande à ma bonne Mère de te faire une petite place dans son Sein maternel, afin que tu puisses voir de toi-même l’état douloureux dans lequel je me trouve”.
Je m’imaginais alors que ma Reine et ma Mère, voulant me prouver son immense affection maternelle, m’unissait à son cher et doux Jésus incarné dans son Sein. Je me voyais donc déjà par la pensée tout près de mon aimable Jésus, dans son Sein. Il y faisait si noir qu’il m’était absolument impossible de voir les traits de son visage. Je pouvais seulement entendre le soupir brûlant de son amour, et intérieurement il me dit encore :
“Ma fille considère un autre excès de mon amour. Moi, je suis la lumière éternelle et aucune autre lumière n’a plus d’éclat que Moi. Pense un instant au soleil quand il est à son zénith : ce n’est alors pourtant que l’ombre de ma lumière éternelle. L’incarnation que j’ai voulu assumer pour l’amour des créatures a complètement évincé cette lumière éternelle. Vois-tu dans quelle sombre prison mon amour m’a précipité ? Oui, j’ai voulu être ici par amour pour les créatures en attendant qu’un rayon de lumière y pénètre. J’ai dû attendre neuf long mois dans cette nuit noire, sans étoile ni repos. Je veille toujours en attendant que la lumière du soleil me rejoigne.
Que je souffre ! Je suis dans une grande détresse, car ma prison est si petite que je peux à peine bouger. De plus, le manque de lumière m’empêche complètement de voir et ceci me fait tellement souffrir que le souffle chaud de ma Mère m’en fait même suffoquer. Sais-tu ce qui m’a conduit dans cette prison ? qui m’a ôté la lumière ? qui m’empêche de plus en plus de respirer ? C’est l’amour que je ressens pour les créatures ; c’est la noirceur de leurs péchés, car chaque péché est une nouvelle nuit obscure pour moi. C’est la dureté du cœur de l’homme qui s’est fermé et se refuse de faire amende honorable. C’est son horrible ingratitude qui m’étouffe comme un monstre infernal. Et tout cela ensemble forme comme un abysse de ténèbre, un suffoquement et une souffrance inexprimable. Comme je souffre !
Oh ! Excès de mon amour sans réciprocité ! Tu m’a conduit de l’immensité de la lumière éternelle à la profondeur de ses ténèbres épaisses et dans un espace si petit que je puis à peine respirer !”
Pendant que Jésus me disait tout ceci, il gémissait, mais d’un gémissement oppressé, à cause de ce manque d’espace ; je versai des larmes de compassion, voulant l’éclairer un petit peu de mon amour, comme il me l’avait demandé. Qui pourrait décrire la souffrance que Jésus et moi avons soufferte ensemble pour l’amour des créatures ?
Dans ces peines et ces souffrances, mon très aimable Jésus me dit au fond du cœur ces mots : “Cela suffit pour le moment. Passe maintenant au septième excès de mon amour”.