Samedi 16 avril 2022 - Missionnaires de la Divine Volonté

Samedi Saint

Le samedi Saint, l’Église demeure auprès du tombeau dans le silence.

 

La Reine du Ciel dans le royaume de la Volonté Divine 28e jour.
Fille de mes douleurs, écoute-moi bien. Dès que mon Fils eut rendu son dernier souffle, triomphant, glorieux et exultant, il descendit dans les limbes, cette prison où se trouvaient tous les patriarches, les prophètes, le premier père Adam, le cher saint Joseph, mes saints parents, et tous ceux qui étaient sauvés en vertu des mérites du Rédempteur futur. J’étais inséparable de mon Fils. Même la mort ne pouvait me séparer de lui. C’est ainsi que, malgré ma grande affliction, je l’ai suivi dans les limbes. J’ai été spectatrice de la grande fête que cette multitude de gens firent à mon Fils, lui qui venait de tant souffrir et dont le premier geste après sa Passion fut pour eux, pour les béatifier et les amener avec lui dans la gloire céleste. C’est ainsi que, dès après sa mort, les conquêtes et la gloire commencèrent pour Jésus et pour tous ceux qui l’aimaient. Cela, chère fille, illustre le fait que lorsque la créature donne la mort à sa volonté en l’unissant à celle de Dieu, les conquêtes commencent dans l’ordre divin, la gloire et la joie commencent, même au milieu des plus grandes souffrances.
Pendant les trois jours où mon Fils était dans le tombeau et alors que je le suivais sans cesse avec les yeux de mon âme, je sentais en moi une telle hâte qu’il ressuscite que, dans l’ardeur de mon amour, je répétais sans cesse : « Ressuscite, ma Gloire ! Ressuscite ma Vie ! » Mes désirs étaient si ardents et mes soupirs si enflammés que j’en étais littéralement consumée. Pendant que je vivais ces ardents désirs, je vis mon cher Fils, accompagné par cette grande multitude de gens, quitter les limbes et se rendre au sépulcre. C’était l’aube du troisième jour. Comme toute la nature avait pleuré sur lui, elle était maintenant transportée de joie. Le soleil accéléra sa course pour être présent quand mon Fils reviendrait de la mort. Mais, quelle merveille, avant de ressusciter, il montra à cette multitude de gens sa sainte Humanité tout ensanglantée, blessée et défigurée, afin qu’ils voient ce à quoi elle avait été réduite par amour pour eux ! Tous étaient bouleversés et en admiration devant ces excès d’amour et le grand prodige de la Rédemption.

Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :

 

La lamentation de la Vierge

 

      « Jésus ! Jésus ! Où es-tu ? M’entends-tu encore ? Entends-tu ta pauvre Maman qui crie, en ce moment, ton nom saint et béni, après l’avoir gardé dans son cœur pendant tant d’heures ? Ton saint nom, qui a été mon amour, l’amour de mes lèvres qui goûtaient une saveur de miel en disant ton nom, de mes lèvres qui maintenant, au contraire, semblent en le disant boire l’amertume restée sur tes lèvres, l’amertume de l’atroce mixture… Ton nom, amour de mon cœur qui se gonflait de joie quand il le prononçait, comme il s’était dilaté pour transvaser son sang, t’accueillir et t’en revêtir quand tu es descendu du Ciel vers moi, si petit, si minuscule, que tu aurais pu tenir dans le calice de la menthe sauvage, toi qui es si grand, toi, le Puissant anéanti dans un germe d’homme pour le salut du monde. Ton nom, douleur de mon cœur, maintenant qu’il est arraché aux caresses de ta Maman pour te jeter dans les bras des bourreaux qui t’ont torturé jusqu’à te faire mourir !
     J’ai le cœur brisé par ce nom que j’ai dû renfermer pendant tant d’heures et dont le cri augmentait à mesure que croissait ta douleur, jusqu’à l’abattre, comme s’il était foulé par le pied d’un géant. Oui, ma douleur est gigantesque, elle m’écrase, elle me broie et il n’est rien qui puisse la soulager. A qui dire ton nom ? Rien ne répond à mon cri. Même si je hurlais jusqu’à fendre la pierre qui ferme ton tombeau, tu ne l’entendrais pas, puisque tu es mort. Tu n’entends plus ta Maman !
     Que de fois ne t’ai-je pas appelé, pendant ces trente-quatre ans, ô mon Fils ! Du moment où j’ai su que je devais être Mère, et que mon enfant s’appellerait “ Jésus ! ”. Tu n’étais pas encore né que moi, en caressant le sein où tu grandissais, je t’appelais doucement : “ Jésus ! ” et il me semblait que tu remuais pour me répondre : “ Maman ! ”
     Je te donnais déjà une voix, je la rêvais déjà. Je l’entendais avant même qu’elle n’existe. Et quand je l’ai entendue, faible comme celle d’un agneau qui vient de naître, qui tremblait dans la nuit froide pendant laquelle tu es né, j’ai connu l’abîme de la joie… et je croyais avoir connu l’abîme de la douleur parce que c’étaient les pleurs de mon Enfant qui avait froid, qui était mal à l’aise, qui versait ses premières larmes de Rédempteur. Or je n’avais pas de feu ni de berceau, et je ne pouvais souffrir à ta place, Jésus. Je n’avais que mon sein comme feu et oreiller, et mon amour pour t’adorer, mon saint Fils.
     Je croyais avoir connu l’abîme de la douleur… ce n’en était que l’aube. Maintenant, c’en est le midi. Ce n’en était que l’amorce, maintenant c’en est le fond. C’est l’abîme ce que je touche maintenant, après y être descendue au cours de ces trente-quatre années, bousculée par tant d’aléas et prostrée, aujourd’hui, sur le fond horrible de ta croix.
     Quand tu étais petit, je te berçais en chantonnant : “ Jésus ! Jésus ! ” Quelle harmonie plus sainte et plus belle que ce nom qui fait sourire les anges au Ciel ? Pour moi, il était plus beau que le chant, si doux, des anges dans la nuit de ta naissance. J’y voyais le Ciel, c’était le Ciel entier que je contemplais à travers ce nom. Et maintenant, en te le disant, à toi qui es mort et qui ne m’entends pas, et ne me réponds pas, comme si tu n’avais jamais existé, je vois l’Enfer, tout l’Enfer. Voilà : je comprends maintenant ce que veut dire être damné. C’est ne plus pouvoir dire : “ Jésus ! ” Quelle horreur !
     Combien de temps durera cet enfer pour ta Maman ? Tu as dit : “ En trois jours, je reconstruirai ce Temple. ” Je me répète cette parole toute la journée, pour ne pas tomber morte, pour être prête à te saluer à ton retour, et te servir encore… Mais comment pourrai-je te savoir mort, pendant trois jours ? Trois jours dans la mort, toi, toi, ma vie ? (…) Tome 10 – ch 612.7