Les 14 stations du “Chemin de Croix”
dans les
24 Heures de la Passion
de notre Seigneur Jésus-Christ
de
Luisa Piccarreta
La petite fille de la Volonté Divine
Ô ma Mère, en regardant le visage de ton Jésus si affligé et si triste, se réveille en toi la vue déchirante des souffrances que bientôt il devra souffrir.
Tu vois d’avance son visage couvert de crachats, sa tête transpercée par les épines, ses yeux bandés, son corps torturé par les coups de fouets, ses mains et ses pieds percés par les clous ; et tu le bénis.
À l’endroit où il est sur le point d’aller, tu l’accompagnes avec tes bénédictions. À tes côtés, je l’accompagne moi aussi.
Quand Jésus sera frappé par les fouets, transpercé par les clous, giflé, couronné d’épines, partout il trouvera en même temps que les tiens, mes « je te bénis ».
Ô Jésus, ô Marie, comme je compatis avec vous deux ! Immense est votre souffrance en ces derniers moments. Le Cœur de l’un semble déchirer le Cœur de l’autre.
Tendre Mère, attache mon cœur à celui de Jésus, afin que mon cœur prenne part à tes souffrances et aux siennes.
Avec toi, douce Mère, je veux suivre pas à pas l’adorable Jésus, avec l’intention de lui donner du réconfort, du soulagement, de l’amour et de la réparation au nom de tous.
Mon Jésus affligé, je t’offre ces stations du chemin de Croix
-pour la paix dans nos familles, dans notre pays et dans le monde
-pour notre sanctification, pour aider les âmes du purgatoire
-pour que ton Règne vienne bientôt
-pour que ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel.
Première station :
Jésus est condamné à mort
Emu par la douceur de ta voix, Pilate décide, le cœur tourmenté, de te montrer au peuple à partir de sa loge, espérant que les Juifs seraient pris de compassion en te voyant si défiguré, et qu’il pourrait ainsi te libérer.
Pilate impose le silence pour ramener tout le monde à l’attention et se faire entendre de tous. Il prend avec dégoût les deux lambeaux de la pourpre qui te couvre la poitrine et les épaules, la soulève, afin que tous voient le piteux état dans lequel tu te trouves.
À voix haute il dit : « Ecce Homo! Regardez-le, il n’a plus l’apparence d’un homme. Observez ses plaies, on ne le reconnaît plus. S’il a fait du mal, il a déjà souffert assez, même trop. Moi, je regrette de l’avoir fait tant souffrir, laissons-le donc libre ! »
À ces paroles, il se fait un silence profond au Ciel, sur terre et en enfer ! Puis, comme d’une seule voix, j’entends le cri de tous :
« Crucifie-le, crucifie-le ! Nous le voulons mort ! »
Aux cris de la foule, Pilate est stupéfait. Il se hâte de dire :
« Comment, dois-je crucifier votre Roi ?
Moi, je ne trouve pas de faute en lui pour le condamner. » Et les Juifs crient en assourdissant l’air :
« Nous n’avons pas d’autre roi que César. Si tu ne le condamnes pas, tu n’es pas l’ami de César. Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pilate, ne sachant que faire et craignant d’être déposé, se fait apporter une bassine d’eau et, se lavant les mains, dit :
« Oh, je suis innocent du sang de ce juste. »
Mais les Juifs ajoutent :
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »
Et, te voyant condamné, ils font la fête, battent des mains, sifflent, hurlent.
Et toi, ô Jésus, tu répares pour ceux qui se trouvent dans les hauts rangs de la société et qui, mus par une vaine crainte et pour ne pas perdre leur poste, désobéissent aux lois les plus sacrées, ne se préoccupant pas de la ruine de peuples entiers, favorisant les impies et condamnant les innocents.
Tu répares aussi pour ceux qui, après leur faute, incitent diaboliquement la colère divine à les punir.
Et tandis que tu répares tout cela, ton Cœur saigne à cause de la souffrance de voir ton peuple choisi marqué de la malédiction du Ciel qu’il vient lui-même d’appeler, la scellant de ton sang qu’ils ont appelé sur leur propre tête !
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Deuxième station :
Jésus est chargé de sa Croix
Tu laisses placer la Croix sur tes épaules infiniment saintes. Ah ! mon Jésus, ta Croix est trop légère pour ton Amour.
Mais à son poids s’ajoute celui de nos fautes, aussi lourd que toute la terre.
Ô mon Bien, tu te sens écrasé sous le poids de tant de fautes ;
Ton âme frémit d’horreur à leur vue et elle ressent la peine de chacune.
Ta sainteté est secouée devant tant de laideur et, par conséquent, en recevant la Croix sur tes épaules, tu vacilles, le souffle te manque, et de ton humanité infiniment sainte coule une sueur mortelle.
Mon Amour, mon âme ne supporte pas de te laisser seul.
Je veux partager avec toi le poids de ta Croix et, pour soulever le poids de nos fautes, je me serre contre tes pieds ;
je veux te donner au nom de toutes les créatures de l’amour pour quiconque ne t’aime pas,
des louanges pour quiconque te méprise, des bénédictions,
des remerciements,
de l’obéissance pour tous.
Mon Jésus, pour toutes les offenses que tu recevras, je veux t’offrir ma personne pour réparer.
Je veux faire les actes opposés aux offenses que les créatures te font, et te consoler par mes baisers et mes actes d’amour continuels.
Mais je sais fort bien que je suis trop misérable et que j’ai besoin de toi pour pouvoir réparer vraiment.
Par conséquent, je m’unis à ton humanité infiniment sainte.
J’unis mes pensées aux tiennes pour réparer mes pensées mauvaises et celles de tous, j’unis mes yeux aux tiens pour réparer les regards mauvais, ma bouche à la tienne pour réparer les blasphèmes et les conversations mauvaises, mon cœur au tien pour réparer les tendances, les affections et les désirs mauvais.
En un mot, je veux réparer tout ce que répare ton humanité infiniment sainte en m’unissant à ton Amour infini et au bien immense que tu fais à tous.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Troisième station :
Jésus tombe pour la première fois
Mon Jésus infiniment patient, tu fais tes premiers pas sous le poids immense de la Croix, et moi j’unis mes pas aux tiens.
Et quand, faible, saigné à blanc et vacillant, tu seras sur le point de tomber, je serai à ton côté pour te soutenir ; je te prêterai mes épaules pour partager avec toi le poids de la Croix.
Ne me dédaigne pas, mais accepte-moi comme ta fidèle compagne.
Jésus, je vois que tu répares pour tous ceux qui ne portent pas avec résignation leur croix, qui jurent, s’irritent, se suicident ou font des meurtres.
Tu implores pour tous la résignation à leur propre croix.
Mais tu te sens écrasé sous ta Croix. Tu en es à tes premiers pas avec elle, et déjà tu tombes sous son poids.
Et, en tombant, tu heurtes des pierres, les épines s’enfoncent davantage dans ta tête, et toutes tes plaies s’aggravent et laissent couler du sang neuf.
Comme tu n’as pas la force de te relever, tes ennemis, irrités, cherchent à te remettre sur pied par des coups de pied et des bousculades.
Mon amour tombé sous la Croix, laisse-moi t’aider à te remettre sur pied.
Je t’embrasse, j’essuie ton sang et je veux réparer pour ceux qui pèchent par ignorance ou fragilité.
Je te prie d’aider ces âmes.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Quatrième station :
Jésus rencontre sa très sainte Mère
Ta Maman qui, comme une colombe plaintive, cherche à te rencontrer.
Elle veut te dire une dernière parole et recevoir un dernier regard de toi. Tu la vois qui, pénétrant dans la foule, veut à tout prix te voir, t’embrasser et te faire un dernier adieu.
Et tu ressens son Cœur lacéré : tu es affligé de voir sa pâleur mortelle et toutes tes peines qui, en vertu de son Amour pour toi, sont reproduites en elle.
Si elle vit, c’est un pur miracle de ton omnipotence.
Tu fais des pas pour la rencontrer, mais c’est à grand peine que vous pouvez échanger un regard !
Quels transpercements dans vos deux Cœurs !
Les soldats s’en aperçoivent et, par des bousculades, ils empêchent que la Maman et le Fils communiquent ensemble.
Elles sont telles vos souffrances réciproques que, pétrifiée de douleur, ta Maman est sur le point de succomber.
Le fidèle Jean et les saintes femmes la soutiennent, tandis que toi, de nouveau, tu tombes sous le poids de la Croix.
Alors, ce que ta Maman ne peut faire au moyen de son corps parce qu’on l’en empêche, elle le fait au moyen de son âme :
elle entre en toi, fait sien le vouloir de l’Eternel et, s’associant à toutes tes peines, elle te fait office de Maman, elle te donne des baisers, te refait, te soulage, et verse en toutes tes plaies le baume de son Amour endolori!
Mon Jésus accablé de douleurs, je m’unis à ta Maman affligée.
Je veux faire miennes toutes tes peines et, dans chaque goutte de ton sang et dans chacune de tes plaies, je veux te servir de maman.
Avec elle, et avec toi-même, je veux réparer pour ceux qui font des rencontres dangereuses, qui s’exposent aux occasions de péché.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Cinquième station :
Simon de Cyrène aide Jésus à porter la Croix
De crainte que tu ne meures sous la Croix, tes ennemis obligent le Cyrénéen à t’aider à la porter.
Il le fait de mauvais gré, en maugréant.
Ce n’est pas par amour qu’il t’aide, mais parce qu’on l’y oblige.
Dans ton Cœur se répercutent toutes les lamentations de ceux qui manquent de résignation dans la souffrance, et tu répares leurs révoltes, leurs colères, et leur mépris de la souffrance.
Mais tu es affligé bien davantage quand tu vois que tes âmes consacrées te fuient, celles que tu appelles comme compagnes et aides dans ta Souffrance.
Si tu les serres sur toi avec douleur, elles se dégagent pour aller à la recherche des plaisirs.
Et ainsi elles te laissent seul à souffrir !
Mon Jésus, tandis que je répare avec toi, je te prie de me serrer dans tes bras.
Fais-le si fortement qu’il n’y ait aucune peine que tu souffres et à laquelle je ne prenne part, afin que je sois transformée par ces peines et que je te dédommage pour l’abandon des créatures.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Sixième station :
Véronique essuie le Visage de Jésus
Mon Jésus, c’est à grand peine que, tout courbé, tu avances. Mais je vois que tu t’arrêtes et cherches du regard.
Mon Cœur, qu’est-ce c’est ? Que veux tu ?
Ah ! c’est Véronique qui, ne craignant rien, s’amène avec courage et essuie ton visage tout couvert de sang.
Et toi, en signe d’approbation, tu laisses imprimée sur son linge ta sainte Face.
Mon généreux Jésus, moi aussi je veux essuyer ta sainte Face.
Non pas avec un linge, mais je veux m’offrir tout moi-même pour te soulager, je veux entrer dans ton for intérieur et te donner, ô Jésus, battement de cœur pour battement de cœur, souffle pour souffle, affection pour affection, désir pour désir.
J’entends me plonger dans ton Intelligence infiniment sainte et, faisant défiler dans l’immensité de ta Volonté tous ces battements
de cœur, souffles, affections et désirs, je veux les multiplier à l’infini.
Je veux, ô mon Jésus, former des vagues de battements de cœur, afin qu’aucun battement mauvais ne se répercute dans ton Cœur et qu’ainsi soient adoucies tes amertumes intérieures.
Je veux former des vagues de saintes affections et de saints désirs pour éloigner de toi toute affection mauvaise et tout désir mauvais qui pourraient attrister ton Cœur.
Je veux, ô mon Jésus, former des vagues de saintes pensées, pour éloigner de toi toute pensée qui pourrait te déplaire.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix.“
Septième station :
Jésus tombe pour la 2ème fois sous la Croix
Mon Jésus, étant tombé de nouveau sous la Croix, tu gémis.
Les soldats craignent que tu meures avant le temps sous le poids de tant de souffrances et par la perte de tant de sang.
Néanmoins, c’est à coups de fouets et à coups de pieds qu’avec beaucoup de mal ils parviennent à te ramener sur tes pieds.
Et toi tu répares les chutes répétées dans le péché, les fautes graves commises par les diverses classes de personnes, et tu pries pour la conversion des pécheurs obstinés.
Mon Amour, tandis que je t’accompagne dans tes réparations, je vois que tu suffoques sous le poids énorme de la Croix.
Tu trembles de partout.
Les épines, à cause des chocs incessants que tu reçois, pénètrent de plus en plus dans ta tête.
La lourde Croix s’enfonce de plus en plus dans ton épaule. Elle y fait une plaie si profonde qu’elle en découvre les os.
À chacun de tes pas, il semble que tu meures, ce qui te met dans la quasi-impossibilité d’aller de l’avant.
Mais ton Amour, qui peut tout, t’en donne la force.
Et alors que la Croix pénètre dans ton épaule, tu répares pour les péchés cachés.
Mon Jésus, laisse-moi mettre mon épaule sous la Croix pour te soulager, et laisse-moi réparer avec toi les péchés secrets.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix.“
Huitième station :
Jésus console les femmes
Quelques pas plus loin, tu t’arrêtes encore.
Même sous le poids de tant de peines, ton Amour ne cesse pas d’être actif : voyant les saintes femmes qui pleurent à cause de tes peines, tu t’oublies toi-même et les consoles en leur disant :
« Filles, ne pleurez pas sur mes peines, mais sur vos péchés et sur vos enfants. »
Quel Enseignement sublime tu nous donnes, ô Jésus ! Comme elle est douce, ta Parole !
Mon Jésus, avec toi je répare les manques de charité, et je te demande la Grâce de m’oublier moi-même, pour que je ne me rappelle que de toi.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“ O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Neuvième station :
Jésus tombe pour la 3ème fois
T’entendant parler, tes ennemis entrent en fureur. Ils te tirent avec les cordes, te poussent avec tant de rage qu’ils te font tomber.
Et, en tombant, tu heurtes des pierres.
Le poids de la Croix t’écrase et tu te sens mourir !
Laisse-moi te soutenir et protéger de mes mains ton visage infiniment saint.
Je vois que tu touches le sol et suffoques dans ton Sang. Voulant te remettre sur pied, tes ennemis te tirent avec les cordes et par les cheveux et te donnent des coups de pied, mais tout cela en vain.
Tu meurs, mon Jésus ! Quelle peine ! Mon cœur se brise de douleur !
C’est presque en te traînant qu’ils te conduisent au Calvaire. Tandis qu’ils te traînent,
Je sens que tu répares toutes les offenses des âmes consacrées qui te sont d’un grand poids, de sorte que tous tes efforts pour te relever sont inutiles !
Et c’est ainsi que, traîné et foulé aux pieds, tu parviens au Calvaire, laissant sur ton passage une trace rouge de ton sang précieux.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Dixième station :
Jésus est dépouillé de ses vêtements
Mais ici, de nouvelles souffrances t’attendent.
De nouveau, les soldats t’arrachent tes vêtements et ta couronne d’épines.
Ah ! tu gémis en te sentant arracher les épines de la tête.
Et tandis qu’ils t’arrachent tes vêtements, ils arrachent aussi les chairs lacérées qui y sont collées. Tes plaies se déchirent, et c’est à ruisseaux que ton sang coule.
Elle est si grande ta souffrance que, presque mort, tu t’écroules. Mais personne n’a pitié de toi, ô mon bien ! Au contraire, dans une fureur bestiale, ils te remettent la couronne d’épines en la frappant fortement.
À cause de toutes tes lacérations et du coup sec qu’ils donnent à tes cheveux amassés dans le sang coagulé, ta torture est extrême.
Seuls les anges pourraient dire ce que tu souffres, tandis que, horrifiés, ils détournent leurs regards, “les Anges de la Paix pleurent” (Ps.33,7)
Mon Jésus dépouillé, permets-moi de te serrer sur mon cœur pour te réchauffer, car je vois que tu trembles et qu’une sueur glacée de mort envahit ton humanité.
Comme je voudrais te donner ma vie et tout mon sang pour remplacer le tien, que tu as répandu pour me donner la vie.
Comme s’il me regardait de ses yeux moribonds, Jésus semble me dire :
« Mon enfant, combien me coûtent les âmes !
C’est ici le lieu où je les attends toutes pour les sauver, où je veux réparer les péchés de ceux qui vont jusqu’à se dégrader au- dessous des bêtes et qui s’obstinent tellement à m’offenser qu’ils en viennent à ne plus pouvoir vivre sans pécher.
Leur raison est devenue aveugle et ils pêchent comme des fous. Voilà pourquoi une troisième fois, on me couronne d’épines.”
« Et par mon dépouillement, je répare pour ceux qui revêtent des vêtements indécents, pour les péchés contre la modestie, et pour ceux qui sont tellement liés aux richesses, aux honneurs et aux plaisirs, qu’ils s’en font des dieux.
Ah ! Oui ! chacune de ces offenses est une mort que je ressens, et si je ne meurs pas, c’est parce que la Volonté de mon Père Éternel le veut ainsi!»
Mon Bien dénudé, tandis qu’avec toi je répare, je te prie qu’au moyen de tes mains infiniment saintes tu me dépouilles de tout et
que tu ne permettes à aucune affection mauvaise d’entrer dans mon cœur.
Veille sur lui, entoure-le de tes peines, remplis-le de ton Amour. Que ma vie ne soit rien d’autre que la répétition de la tienne.
Confirme par ta bénédiction mon dépouillement et donne-moi la force d’assister à ta douloureuse crucifixion.
Que je sois crucifiée avec toi !
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“ O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Onzième station :
Jésus est cloué sur la Croix
Entre temps, mon Jésus, tu regardes la Croix que tes ennemis sont en train de te préparer. Tu entends les coups de marteau par lesquels ils font les trous pour enfoncer les clous qui te tiendront crucifié.
Ton Cœur bat très fort, tressaillant d’ivresse divine.
Il désire ardemment que tu t’étendes sur ce lit de douleur, pour sceller de ta mort le salut de nos âmes.
Et je t’entends dire :
« De grâce, ô Croix, reçois-moi vite dans tes bras. Je suis impatient d’attendre !
Sainte Croix, c’est sur toi que je viens tout accomplir.
Vite, Croix, réalise le désir ardent qui me consume de donner la vie aux âmes.
Ne tarde pas, c’est avec anxiété que j’attends de m’étendre sur toi pour ouvrir le Ciel à tous mes enfants. »
« Ô Croix, il est vrai que tu es mon martyre mais, sous peu, tu seras aussi ma victoire et mon triomphe le plus complet.
Et c’est par toi que je donnerai de copieux héritages, victoires, triomphes et couronnes à mes enfants. »
Mon doux Jésus, Tu t’étends sur la Croix.
Tu regardes avec Amour et Douceur tes bourreaux qui ont à la main les clous et les marteaux pour te clouer.
Et tu leur fais une douce invitation pour réclamer ta Crucifixion. Ô mon Jésus, après t’avoir cloué les mains et les pieds, les bourreaux retournent la Croix pour river les clous,
contraignant ainsi ton adorable Visage à toucher le sol.
Et toi, tu donnes un Baiser à ce sol ensanglanté de ton Sang. Par ce Baiser, tu baises toutes les âmes et les lies à ton Amour, scellant leur salut.
Mon bon Jésus, je vois que tes ennemis soulèvent le lourd bois de la Croix et le laissent tomber dans le trou prévu à cet effet.
Et toi, mon doux Amour, tu es suspendu entre Ciel et terre. En ce moment solennel, tu te tournes vers le Père et d’une voix faible tu lui dis :
« Père saint, me voici chargé de tous les péchés du monde. Il n’y a pas de faute qui n’ait été versée sur moi. Par conséquent, ne décharge plus sur les hommes les fléaux de ta Justice divine, mais fais-le sur moi, ton Fils.
Ô Père, permets-moi de lier toutes les âmes à cette Croix et, par mon Sang et mes Plaies, d’obtenir le pardon pour toutes.
« Ô Père, vois à quel état je suis réduit !
En raison de cette Croix, en vertu de ces souffrances, induis en tous une véritable conversion, la paix, le pardon et la sainteté.
Coupe court à ta fureur contre la pauvre humanité, contre mes enfants ; ils sont aveugles et ne savent pas ce qu’ils font.
Pitié, mon Père ! C’était moi le plus beau de tous, et maintenant, je suis tout défiguré. Je suis devenu l’abjection de tous. À tout prix, je veux sauver les pauvres créatures ! »
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix.“
Douzième station :
Jésus meurt sur la Croix
Mon Jésus crucifié, Tu en es à tes dernières respirations, ton humanité infiniment sainte se raidit, ton cœur ne semble plus battre.
Avec Marie Madeleine, j’embrasse tes pieds et je voudrais, si c’était possible, donner ma vie pour ranimer la tienne.
Et je vois, ô Jésus, que tu ouvres tes yeux moribonds et regardes autour de la Croix comme si tu voulais faire ton dernier adieu à tous.
Tu regardes ta Maman mourante qui n’a plus de mouvement ni de voix, tant sont grandes ses peines, et tu dis :
« Adieu, Maman, moi je pars, mais je te garderai dans mon Cœur. Prends soin de nos enfants.»
Tu regardes Marie Madeleine qui pleure, le fidèle Jean et, par tes regards, tu leur dis : « Adieu ! »
Avec amour, tu regardes tes ennemis et, par tes regards, tu leur dis : « Je vous pardonne, je vous donne le baiser de paix. »
À ton regard, rien n’échappe. De tous, tu prends congé. Tu pardonnes à tous.
Puis tu rassembles toutes tes forces et d’une voix forte tu cries :
« Père, entre tes Mains, je remets mon Esprit ! »
Et, baissant la tête, tu expires.
Mon Jésus, à ce cri, la nature est toute bouleversée et pleure ta mort, la mort de son Créateur !
La terre tremble et, par son tremblement, elle semble pleurer et vouloir secouer les âmes pour les amener à te reconnaître comme le vrai Dieu.
Le voile du Temple se déchire, des morts ressuscitent, le soleil qui jusqu’ici a pleuré tes peines, a retiré avec effroi sa lumière.
À ce cri, tes ennemis s’agenouillent, se frappent la poitrine et disent : « Vraiment, celui-ci est le Fils de Dieu ! »
Et ta Mère, pétrifiée et mourante, souffre des peines plus dures que la mort.
Mon Jésus mort, par ce cri tu nous mets nous aussi entre les mains du Père, pour qu’il ne nous rejette pas.
Par conséquent, tu cries fort non seulement de ta voix corporelle, mais par toutes tes peines et tout ton sang :
« Père, entre tes mains, je remets mon Esprit et toutes les âmes ! »
Ô mon Jésus, avec toi, je m’abandonne aussi entre les mains du Père. Donne-moi la grâce de mourir complètement dans ton Amour, dans ton Vouloir.
Je te prie de ne jamais me permettre, ni en cette vie ni à ma mort, de quitter ta Volonté infiniment sainte.
Et je veux réparer pour tous ceux qui ne s’abandonnent pas parfaitement à ta Volonté infiniment sainte, perdant ainsi ou affaiblissant en eux le précieux fruit de ta rédemption.
Quelle n’est pas la douleur de ton Cœur, ô mon Jésus, de voir tant de créatures qui s’enfuient de tes Bras et ne comptent que sur elles-mêmes ? Pitié pour tous, ô mon Jésus, pitié pour moi.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. “
Treizième station :
Jésus est descendu de la Croix
Mon Jésus mort, je vois que tes disciples se dépêchent de te déposer de la Croix.
Joseph et Nicodème qui, jusqu’à présent, étaient tes disciples en secret, eh bien, avec courage, sans craindre quoi que ce soit, veulent maintenant te donner une sépulture honorable.
Ils prennent des marteaux et des tenailles pour accomplir le déclouement sacré et si triste, tandis que ta Mère, affligée, étend ses bras maternels pour te recevoir sur son sein.
Mon Jésus, tandis qu’ils te déclouent, je veux aider tes disciples à soutenir ton corps infiniment saint.
Au moyen des clous qu’ils t’enlèvent, cloue-moi tout entière sur toi.
Avec ta sainte Mère, je veux t’adorer, t’embrasser, puis m’enfermer dans ton cœur pour ne plus jamais en sortir.
Mon Jésus, la première à te recevoir sur son sein, une fois que tu as été dégagé de la Croix, fut ta Mère affligée. Ta tête transpercée reposa doucement dans ses bras.
Ô douce Maman, ne dédaigne pas de m’avoir en ta compagnie et fais qu’avec toi je puisse accomplir mes derniers devoirs envers mon bien-aimé Jésus.
Ma Mère pleine de douceur, il est vrai que tu me surpasses dans l’amour et dans la délicatesse pour toucher à mon Jésus, mais moi, je m’efforcerai de t’imiter de mon mieux pour lui plaire en tout. Par conséquent, comme tu le fais si délicatement de tes mains, je veux moi aussi, de mes mains, extraire toutes les épines qui entourent sa tête adorée, et je veux unir mes profondes adorations aux tiennes.
Ô Maman, toi qui prépares Jésus pour l’ensevelissement, c’est de tes propres mains que je veux être ensevelie avec lui, afin que je puisse ressusciter avec lui. Ainsi soit-il.
Et maintenant, c’est à toi aussi, ô Mère amoureuse, que je veux donner mon tribut filial.
Je compatis beaucoup avec toi et, au moyen de toutes les effusions d’amour de mon cœur, je voudrais réunir tous les battements de cœur, tous les désirs, toute la vie des créatures et les déposer devant toi comme autant d’actes d’amour.
Je compatis avec toi pour l’extrême douleur que tu as soufferte en voyant Jésus couronné d’épines, torturé par les coups et les clous ; aussi en voyant
ces yeux qui ne te regardent plus,
ces oreilles qui n’entendent plus ta Voix, cette bouche qui ne te parle plus,
ces mains qui ne te caressent plus, ces pieds qui ne te suivront plus.
Je voudrais t’offrir le Cœur de ce même Jésus débordant d’Amour, pour compatir avec toi comme tu le mérites et pour donner un soulagement à tes douleurs si cruelles.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix.“
Quatorzième station :
Jésus est mis au tombeau
Maman souffrante, voilà que tu te disposes au sacrifice ultime de devoir donner la sépulture à ton Fils Jésus.
Tu es complètement résignée aux Vouloir du Ciel et tu t’approches de lui. De tes propres mains, tu le déposes dans le sépulcre.
Et tandis que tu arranges ses membres et que tu es sur le point de lui faire ton dernier adieu et de lui donner ton dernier baiser, tu sens ton Cœur s’arracher de ta poitrine !
L’Amour te cloue sur ses membres, et, par la force de l’Amour et de la douleur, tu te sens t’éteindre avec ton Fils éteint !
Pauvre Maman ! Comment feras-tu sans Jésus qui était ta vie, ton tout ? Et pourtant, le Vouloir de l’Éternel le veut ainsi.
Tu es aux prises avec deux puissances insurmontables : ton Amour pour Jésus et le Vouloir divin:
Ton Amour te cloue de telle sorte qu’il empêche la séparation, et le Vouloir divin s’impose et veut ce sacrifice.
Maman souffrante, ne me laisse pas seule ! Prends-moi avec toi. Mais vide moi d’abord tout complètement, afin que je puisse mettre Jésus tout entier en moi, comme tu l’as mis en toi.
Commence chez moi l’office maternel que Jésus t’a donné sur la Croix. Que mon extrême pauvreté fasse impression sur ton Cœur maternel et, de tes mains maternelles, enferme-moi tout entière en Jésus, et enferme Jésus tout entier en moi.
Chère Maman désolée, en raison de tout ce que tu as souffert, je te demande une grâce toute spéciale.
Je te prie, en raison de ta désolation amère, de venir m’assister au moment de ma mort, quand ma pauvre âme se trouvera seule, abandonnée de tous, parmi mille anxiétés et mille craintes.
Viens en ce moment pour me tenir compagnie, comme tant de fois je t’ai tenue compagnie durant ma vie.
Viens m’assister, assieds-toi à mes côtés et mets l’ennemi en fuite.
Lave mon âme au moyen de tes larmes, couvre-moi du sang de Jésus, fais-moi revêtir ses mérites.
Embellis-moi de ses peines et de ses œuvres.
Et en vertu des peines de Jésus et des tiennes, fais que tous mes péchés soient effacés par un pardon total.
Et quand mon âme quittera mon corps, reçois-moi dans tes bras, mets-moi sous ton manteau, cache-moi du regard de l’ennemi.
De ton vol, porte moi au Ciel et mets-moi dans les bras de Jésus. Qu’il en soit ainsi, ma chère Maman !
Je te prie aussi de rendre la compagnie que je t’ai tenue aujourd’hui à tous les moribonds. Pour tous, sers de Mère.
Ils sont dans des moments extrêmes où ils ont besoin de grands secours. Par conséquent, ne refuse à personne ton office maternel. Un dernier mot en te laissant, douce Maman. Je te prie de m’enfermer dans le Cœur infiniment saint de Jésus. Pendant que je baise ta main maternelle, bénis-moi. Ainsi soit-il.
Mon Jésus crucifié, au nom de toutes les générations, passées, présentes et futures, ensemble avec ta chère Mère et tous les Anges, je me prosterne devant toi et je dis :
“O Christ, nous t’adorons et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix.“
Prions aux intentions du St. Père : un « notre Père… », un « je vous salue Marie…. », un Gloire au Père…
Amen