Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs ; ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains. Quelques pharisiens dirent alors : « Pourquoi faites-vous ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ? » Jésus leur répondit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David un jour qu’il eut faim, lui-même et ceux qui l’accompagnaient ? Il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de l’offrande, en mangea et en donna à ceux qui l’accompagnaient, alors que les prêtres seulement ont le droit d’en manger. » Il leur disait encore : « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »
« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. » Lc 6,15
Je suis l’auteur des lois et nul ne peut me soumettre à une autre loi.
Le livre du Ciel Tome 28, 2 juin 1930
Alors que je baignais dans la dure souffrance de sa privation, une autre douleur est venue s’ajouter qui martelait ma pauvre intelligence. Ils m’avaient dit qu’ils doutaient de mes écrits, que j’avais écrit que Jésus m’avait enlacée,
embrassée, et qu’il était venu presque chaque jour. Mon pauvre esprit n’a pas résisté. Et j’ai dit des bêtises : « Tu vois, mon amour, ce que c’est que de ne pas te faire voir et reconnaître ? Si tu faisais cela, ils seraient pris au piège et incapables d’être sans toi, et ils te prendraient toi-même au piège et tu serais incapable d’être sans eux. » J’étais torturée par des doutes et des craintes qu’il n’est pas nécessaire de raconter. Dans sa compassion pour moi, et toute bonté, mon doux Jésus me dit : Ma fille, calme-toi, calme-toi. Tu sais que je n’ai jamais toléré les doutes et les
craintes en toi. Ce sont les vieilles guenilles de la volonté humaine. Là où règne mon divin Fiat, il ne permet pas ces misères, car il est paix et sécurité par nature, et il rend telle l’âme qui se laisse dominer par sa lumière. Par conséquent, ce que je veux de toi, c’est que ton souffle, tes battements de cœur et tout ton être ne soient rien d’autre que ma Volonté et mon amour. L’amour et la Divine Volonté réunis forment la plus grande offrande et le plus bel hommage que puisse faire la créature à son Créateur. C’est l’acte qui ressemble le plus à notre acte. Aussi,
continuons à toujours nous aimer sans jamais interrompre notre amour. Une Divine Volonté toujours accomplie et un amour jamais interrompu, voilà la plus grande chose qui puisse exister au Ciel et sur la terre, et qui n’appartient qu’à notre Être divin et à celle qui s’abandonne à notre Vouloir. Et puis, ma fille, pourquoi t’affliger à ce point de ce qu’ils ont dit ? Je suis l’auteur des lois et nul ne peut me soumettre à une autre loi. Je fais ce que je veux et ce qui me plaît. La disposition des âmes, l’accomplissement de mon dessein sur une âme, c’est là un droit que je me réserve, et à moi seul. Qu’est-ce qui est le plus grave ? Me donner sacramentellement chaque jour, entrer dans la bouche, descendre dans l’estomac et peut-être même dans des âmes remplies de passions afin de
communiquer ma vie, de mélanger mon Sang avec leur sang ? Où donner un baiser ou une étreinte à celle qui m’aime et ne vit que pour moi ? Oh ! comme il est vrai que les hommes ont la vue courte, qu’ils rendent petites les grandes choses et grandes les petites, uniquement parce qu’elles ne sont pas communes à tous. De plus, tout ce qui s’est passé entre toi et moi –les nombreuses intimités, les excès de mon amour et mes visites répétées, tout était nécessaire pour le don de ma Divine Volonté qui devait se faire connaître à travers toi. Si je n’étais pas venu
souvent, comment aurais-je pu te dire tant de choses sur ma Divine Volonté ? Si je n’avais pas fait mon siège dans ton cœur comme en un temple vivant, mes leçons n’auraient pas été aussi continuelles. Par conséquent, ils doivent comprendre que tout ce que j’ai fait à ton âme était nécessaire à ma Divine Volonté qui est digne de toute chose ; tout était nécessaire pour faire entendre tant de condescendances amoureuses, pour leur faire comprendre combien j’aime la créature et à quel point je peux l’aimer pour l’élever jusqu’à mon pur amour et à la pleine confiance qu’elle doit avoir envers celui qui l’aime tant.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Mais en attendant, toi qui te prétends saint, pourquoi permets-tu certaines choses ? Toi qui te dis Maître, pourquoi n’instruis-tu pas tes apôtres, avant les autres ? Regarde-les, derrière toi ! Les voilà, avec encore l’instrument du péché dans leurs mains ! Tu les vois ? Ils ont cueilli des épis, or c’est le sabbat. Ils ont cueilli des épis qui ne leur appartenaient pas. Ils ont violé le sabbat et ils ont volé. »
Pierre répond :
« Nous avions faim. Nous avons demandé logement et nourriture au village où nous sommes arrivés hier soir. Ils nous ont chassés. Seule une petite vieille nous a donné de son pain et une poignée d’olives. Que Dieu le lui rende au centuple, car elle a donné tout ce qu’elle avait et s’est contentée de demander une bénédiction. Nous avons marché pendant un mille, puis nous nous sommes arrêtés, comme la Loi le prescrit, et nous avons bu l’eau d’un ruisseau. Plus tard, au crépuscule, nous sommes allés à cette maison… Ils nous ont repoussés. Tu vois que nous avions la volonté d’obéir à la Loi.
– Mais vous ne l’avez pas fait. Il n’est pas permis, pendant le sabbat, de faire des travaux manuels et il n’est jamais permis de prendre ce qui appartient à autrui. Mes amis et moi, nous en sommes scandalisés.
– Moi, au contraire, je ne le suis pas, dit Jésus. N’avez-vous jamais lu comment David, à Nob, prit les pains consacrés pour se nourrir, lui et ses compagnons ? Les pains consacrés appartenaient à Dieu, dans sa maison, réservés par un ordre éternel aux prêtres. Il est dit : “ Ils appartiendront à Aaron et à ses fils qui les mangeront en un lieu sacré, car c’est une chose très sainte. ” Néanmoins, David les prit pour lui et ses compagnons parce qu’ils avaient faim. Or si le saint roi entra dans la maison de Dieu et mangea les pains consacrés le jour du sabbat, lui à qui il n’était pas permis de s’en nourrir – pourtant la chose ne lui fut pas comptée comme péché puisque Dieu continua encore après cela de lui garder son amour –, comment peux-tu dire que nous sommes pécheurs si nous cueillons sur le sol de Dieu les épis qui ont poussé et mûri par sa volonté, les épis qui appartiennent aussi aux oiseaux ? et tu refuses que les hommes s’en nourrissent, eux qui sont les enfants du Père ?
– Il avait demandé ces pains. Il ne les avait pas pris sans les demander. Et cela change tout ! Et puis, ce n’est pas vrai que Dieu n’a pas compté à David cet acte comme péché. Dieu l’a frappé durement !
– Mais pas pour cette raison. Pour sa luxure, pour son recensement, pas pour…, rétorque Jude.
– Oh ! Assez ! Ce n’est pas permis, voilà tout. Vous n’avez pas le droit de le faire, et vous ne le ferez pas. Allez-vous-en ! Nous ne voulons pas de vous sur nos terres. Nous n’avons pas besoin de vous. Nous ne savons que faire de vous.
– Nous allons partir, dit Jésus en empêchant ses disciples de répliquer.
– Et pour toujours, souviens-t’en. Que jamais plus Jonathas, fils d’Uziel, ne te trouve sur son chemin. Va-t’en !
– Oui, nous partons. Toutefois, nous nous retrouverons. Cette fois, ce sera Jonathas qui voudra me voir pour répéter ma condamnation et délivrer pour toujours le monde de moi. Mais ce sera alors le Ciel qui te dira : “ Il ne t’est pas permis de faire cela ”, et cette parole “ il ne t’est pas permis ” résonnera dans ton cœur comme une sonnerie de trompette pendant toute ta vie et au-delà. De même que, le jour du sabbat, les prêtres violent au Temple le repos sabbatique sans pécher, nous aussi, les serviteurs du Seigneur, nous pouvons recevoir amour et secours du Père très saint sans pour autant commettre de faute, puisque l’homme nous refuse l’amour. Il y a ici quelqu’un de bien plus grand que le Temple et qui peut prendre ce qu’il veut de la création, car Dieu a disposé toutes choses pour servir d’escabeau à la Parole. Et moi, je prends et je donne. Il en est ainsi des épis du Père servis sur l’immense table qu’est la terre, comme de la Parole. Je prends et je donne. Aux bons comme aux mauvais, car je suis la Miséricorde. Mais vous ignorez ce qu’est la miséricorde. Si vous saviez ce que cela signifie, vous comprendriez aussi que je ne veux qu’elle. Si vous saviez ce qu’est la miséricorde, vous n’auriez pas condamné des innocents. Mais vous l’ignorez. Vous ne savez pas non plus que je ne vous condamne pas, vous ne savez pas que je vous pardonnerai et que je demanderai même au Père de vous pardonner. Car c’est la miséricorde que je veux, et non le châtiment. Mais vous, vous ne le savez pas. Vous ne voulez pas le savoir. C’est là un péché plus grand que celui que vous m’imputez, que celui que, selon vous, ces innocents ont commis. Du reste, sachez que le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat, et que le Fils de l’homme est le maître même du sabbat. Adieu Tome 3 – ch 217.3