SAINTE CLAIRE D’ASSISE (1193-1253) — FONDATRICE DU SECOND ORDRE FRANCISCAIN – LES CLARISSES
De l’Évangile de Matthieu 16, 24-28
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son Règne. »
Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Mt 16, 24
La croix lie l’âme à Dieu.
Le livre du Ciel Tome 14, 6 juin 1922
La croix lie l’âme à Dieu. Mais qui la nourrit et la fait croître jusqu’à son zénith ? C’est ma Volonté. Seule ma Volonté amène à leur achèvement mes desseins les plus élevés sur une âme. Si ce n’était pas de ma Volonté, même la croix, bien que pleine de Pouvoir et de Grandeur, pourrait laisser l’âme s’arrêter à mi-chemin. Oh ! Comme ils
sont nombreux ceux qui souffrent. Mais comme ils sont nombreux ceux à qui il manque la nourriture assidue de ma Volonté. Ils n’arrivent pas à vraiment mourir à leur volonté humaine. Étant ainsi entravée, la Divine Volonté ne peut amener l’âme à la cime ultime de la divine Sainteté. D’autre part, tu dis que les clous, les épines et la croix ont disparu. Mais cela n’est pas vrai ma fille; cela est faux! En fait, ta croix était petite et incomplète. Maintenant, à travers ma Volonté, elle a été agrandie. Chaque acte que tu fais dans ma Volonté est un clou enfoncé dans ta
propre volonté. Quand ta volonté vit dans ma Volonté, elle est prolongée au point de se diffuser dans toutes les créatures et de me redonner, en leur nom, la vie que Je leur avais accordée. Tu me retournes ainsi l’honneur et la gloire pour lesquels Je les avais créées. Au fur et à mesure que ta volonté immergée dans la mienne prend de l’expansion, il en va de même de ta croix. Ce n’est plus une croix pour toi seule, mais pour toutes les créatures. Aussi, Je vois ta croix partout, non comme auparavant, quand Je ne la voyais qu’en toi. Maintenant Je la vois en toutes les créatures. Ta fusion dans ma Volonté, dépourvue de tout intérêt personnel, n’a comme objectif que de me donner ce que toutes les créatures me doivent, et d’offrir à toutes les créatures tous les
bienfaits que contient ma Volonté. Il s’agit exclusivement d’une Vie divine, aucunement humaine. Et c’est uniquement ma Volonté qui forme la Sainteté divine dans l’âme.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Sainte du jour : Sainte Claire d’Assise
Maria Valtorta écrit :
« C’est certain, ce que je vois ne paraîtra pas être une vision impossible à avoir, puisqu’une foule de personnes connaissent cet événement : il s’agit du miracle des assaillants du couvent d’Assise chassés par sœur Claire.
Ce m’est une joie de le voir, et je ne me soucie pas des autres. Je vous décris ce que je vois.
Un bien pauvre petit couvent, très bas, dont le toit plonge en avant, avec un petit cloître qui crie le grand mot franciscain par toutes ses pierres : “Pauvreté”, des couloirs sombres, courts, étroits, sur lesquels s’ouvrent les portes des cellules.
Epouvante et douleur agitent cette pauvre demeure de paix. Le couvent bruisse comme une ruche de voix en prières et de gémissements. Ce petit couvent ressemble vraiment à une ruche effrayée par une invasion. Le bruit des combats extérieurs pénètre même, unissant ses cris féroces aux voix en prière.
Je ne sais si c’est une sœur converse qui apporte la nouvelle que les hordes ennemies tentent d’envahir le couvent, ou si c’est quelque habitant d’Assise qui avertit les clarisses du péril. Je sais en revanche que la panique atteint son comble, tandis que toutes se précipitent vers la cellule de l’abbesse ; cette dernière, prosternée en prière au bord de sa couche, se lève, pâle, épuisée, mais très belle et solennelle, pour accueillir ses filles apeurées.
Elle les écoute et leur ordonne de descendre au chœur en bon ordre et avec foi, en respectant le silence de la Règle, “car, dit-elle, rien, aussi terrible soit-il, ne doit faire oublier la sainte Règle”.
[…] et dit : “N’ayez pas peur. Ce sont des hommes, et ils sont dehors. Nous, nous sommes ici, à l’intérieur, et avec Jésus. Rappelez-vous sa parole : “Pas un cheveu ne tombera de votre tête”. Nous sommes ses colombes. Il ne permettra pas que les éperviers les profanent.”
[…] Elle s’avance résolument vers le ciboire, l’ouvre, en prend non pas l’ostensoir, comme on dit, mais une custode semblable à une pyxide ; celle-ci n’est pas en métal précieux, elle me semble en ivoire ou en nacre, du moins à l’extérieur et à ce que la faible lumière me permet de distinguer. Elle le prend et le tient avec le respect avec lequel elle tiendrait l’Enfant-Dieu. D’un pas assuré, elle descend les quelques marches et se dirige en psalmodiant vers la porte du couvent, tandis que les sœurs la suivent, tremblantes mais subjuguées.
– Ouvre la porte, ma fille.
– Mais ils sont là, dehors ! Entendez-vous comme ils crient et comme ils frappent ?
– Ouvre la porte, ma fille.
– Mais ils vont se ruer à l’intérieur !
– Ouvre la porte ! Par respect de l’obéissance !
D’abord douce et persuasive, Claire prend un ton impérieux qui ne souffre aucune tergiversation.
[…] Claire, le visage aussi blanc que le reliquaire qu’elle tient bien haut, en guise d’unique voile à son visage de moniale, fait deux pas au-delà du seuil, puis trois, puis cinq. Je ne sais si elle voit ce qu’elle a en face d’elle, sa terre, ses ennemis. Je ne le pense pas. Ses yeux ne font qu’adorer le très saint Sacrement qu’elle porte. Grande et très maigre, épuisée comme elle l’est, blanche comme un lys, le pas lent, elle donne l’impression d’être un ange ou un fantôme. A moi, elle me paraît un ange, pour les autres, elle doit ressembler à un fantôme. Leur assurance se brise ; ils s’arrêtent et, quand ils la voient faire un nouveau pas en avant, ils fuient en désordre.
[…] “Ils se sont enfuis. Que le Seigneur soit béni ! Maintenant… maintenant soutenez votre mère, afin que je puisse le rapporter sur son autel. Chantez, mes filles, et soutenez-moi. Votre mère est maintenant bien fatiguée !” Effectivement, elle a le visage d’un mourant, comme si elle y avait laissé toutes ses forces. Mais elle a aussi un sourire tellement doux, et tellement de forces dans ses mains pâles pour tenir fermement la custode !
Elles rentrent dans le chœur et Claire dépose le reliquaire dans le ciboire en entonnant le Te Deum, après quoi elle reste, effondrée, sur les deux marches de l’autel, comme morte, pendant que les clarisses poursuivent l’hymne de grâces.
Voilà ce que je vois. » Les Cahiers de 1945 à 1950, 12 août 1945