De l’Évangile de Luc 18, 9-14
En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. Lc 18,14
Dis-moi : comparativement à mon humilité, où est la tienne ?
Le livre du Ciel Tome 3, 12 janvier 1900
« Ma fille, seuls les petits se laissent traiter comme on le veut ; pas ceux qui sont petits en raison humaine, mais ceux qui sont petits et remplis de raison divine. Je peux dire que je suis humble, mais ce qui est appelé humilité chez l’homme devrait être appelé connaissance de soi. Celui qui ne se connaît pas lui-même marche dans la fausseté. » Puis, pendant quelques minutes, il fut silencieux. Je le contemplais. Et j’ai vu une main munie d’une lumière qui cherchait en moi, dans les endroits les plus intimes et cachés, pour voir si on pouvait y trouver la connaissance de soi et l’amour des humiliations, de la confusion et de la disgrâce. La lumière trouva un vide en mon intérieur et j’ai vu que cet endroit aurait dû être rempli d’humiliations et de confusion, suivant l’exemple de mon Jésus béni. Oh ! combien de choses cette lumière et cette attitude sacrée de Jésus me firent comprendre. Je me suis dit en moi-même : « Un Dieu humilié et confus pour mon amour ; et moi, une pécheresse privée de ces marques de distinction ! Un Dieu stable et ferme qui, devant tant d’injustices, ne bouge même pas pour se défaire des crachats dégoûtants qui couvrent son Visage. Ah ! s’il voulait rejeter ces souffrances, ces outrages, il pourrait parfaitement le faire ! Je comprends que ce ne sont pas les chaînes qui le retiennent dans cette situation, mais sa Volonté stable qui veut sauver la race humaine quelqu’en soit le prix ! Et moi, où sont mes humiliations ? Où est ma fermeté et ma constance à travailler par amour pour Jésus et mon prochain ! Oh ! quels êtres dissemblables nous sommes Jésus et moi ! » Pendant que mon petit cerveau se perdait dans ces pensées, mon adorable Jésus me dit : « Mon Humanité fut submergée par la disgrâce et l’humiliation, au point de débordement. C’est pourquoi,
devant mes vertus, le Ciel et la terre tremblent et les âmes qui m’aiment usent de mon Humanité comme d’une échelle pour atteindre quelques reflets de mes vertus. «Dis-moi : comparativement à mon humilité, où est la
tienne ? Moi seul peux me glorifier de posséder une vraie humilité. Unie à ma Divinité, mon Humanité aurait pu faire des prodiges à chaque pas, en paroles et en actes, mais, volontairement, je me suis restreint aux bornes de mon Humanité, je me suis montré le plus pauvre, j’ai été jusqu’à me confondre avec les pécheurs. « J’aurais pu accomplir la Rédemption dans un temps très bref, et même d’un seul mot. Mais, pendant de longues années, avec tant de privations et de souffrances, j’ai voulu faire miennes les misères de l’homme. J’ai voulu m’adonner à de nombreuses et diverses actions pour que l’homme puisse être renouvelé et divinisé, même dans ses plus petits travaux. Portés par moi qui étais Dieu et homme, ces travaux humains reçurent une nouvelle splendeur et
furent marqués du sceau de la Divinité. « Dissimulée dans mon Humanité, ma Divinité descendit aussi bas que de se mettre au niveau des actes humains, alors que, d’un simple acte de ma Volonté, j’aurais pu créer un nombre infini de mondes qui auraient transcendé les misères et les faiblesses de cette humanité ! Devant la justice divine, j’ai choisi de voir mon Humanité recouverte de tous les péchés des hommes pour lesquels j’ai eu à expier par des douleurs inouïes et en versant tout mon Sang ! Ainsi, j’ai accompli des actes continuels d’humilité héroïque. « La grande différence entre mon humilité et celle des créatures qui, devant la mienne, n’est qu’une ombre même celle de mes saints, c’est que les créatures sont toujours créatures et ne connaissent pas comme moi le vrai poids du péché. Bien que certaines âmes furent héroïques et que, à mon exemple, elles se soient offertes pour souffrir les peines des autres, elles ne sont pas différentes des autres : elles sont faites de la même glaise.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Après avoir fait ces choses, les deux montèrent au Temple. En passant dans la salle du Trésor, le pharisien tira avec ostentation de son sein une bourse volumineuse et il la secoua jusqu’à la dernière piécette dans le Trésor. Dans cette bourse se trouvait l’argent pris en plus aux commerçants et le prix de l’huile enlevée à l’intendant et vendue tout de suite à un marchand. Le publicain, de son côté, jeta une poignée de piécettes après avoir pris ce qui lui était nécessaire pour retourner chez lui. L’un et l’autre donnèrent donc ce qu’ils avaient et même, en apparence, le plus généreux était le pharisien car il avait donné jusqu’à la dernière piécette qu’il avait sur lui. Cependant, il faut réfléchir que dans son palais il avait d’autre argent et qu’il avait des crédits ouverts auprès des riches changeurs.
De là, ils allèrent devant le Seigneur. Le pharisien tout à fait en avant près de la limite de l’Atrium des Hébreux
[7], vers le Saint. Le publicain tout au fond, presque sous la voûte qui menait dans la Cour des Femmes, et il restait courbé, accablé par la pensée de sa misère par rapport à la Perfection divine. Et ils priaient l’un et l’autre.
Le pharisien, tout droit, presque insolent, comme s’il était le maître du lieu et comme si c’était lui qui daignait rendre hommage à un visiteur, disait :
“Voici que je suis venu te vénérer dans la Maison qui est notre gloire. Je suis venu bien que je sente que Tu es en moi, car je suis juste. Je sais l’être. Cependant, bien que je sache que c’est par mon mérite que je suis tel, je te remercie, comme la loi le prescrit, de ce que je suis. Je ne suis pas rapace, injuste, adultère, pécheur comme ce publicain qui, en même temps que moi, a jeté dans le Trésor une poignée de piécettes. Moi, Tu l’as vu, j’ai donné tout ce que j’avais sur moi. Cet avare, au contraire, a fait deux parts et il t’a donné la plus petite, l’autre certainement il va la garder pour faire bombance et pour les femmes. Mais moi, je suis pur. Je ne me contamine pas, moi. Je suis pur et juste, je jeûne deux fois la semaine, je paie la dîme de tout ce que je possède. Oui, je suis pur, juste et béni car je suis saint. Gardes-en le souvenir, Seigneur”.
209/210> Le publicain, dans son coin éloigné, n’osait pas lever son regard vers les portes précieuses du hécal[8] et, en se frappant la poitrine, il priait ainsi : “Seigneur, je ne suis pas digne de me tenir dans ce lieu. Mais Tu es juste et saint et Tu me le permets encore, car Tu sais que l’homme est pécheur et que s’il ne vient pas vers Toi, il devient un démon. Oh ! mon Seigneur ! Je voudrais t’honorer nuit et jour et je dois pendant tant d’heures être l’esclave de mon travail : dur travail qui m’humilie, parce qu’il est douleur pour mon prochain le plus malheureux, mais je dois obéir à mes supérieurs parce que c’est mon pain. Fais, ô mon Dieu, que je sache accommoder le devoir envers mes supérieurs, avec la charité envers mes pauvres frères, pour qu’en mon travail je ne trouve pas ma condamnation. Tout travail est saint s’il est fait avec charité. Garde ta charité toujours présente en mon cœur, pour que moi, le misérable que je suis, je sache avoir pitié de ceux qui me sont soumis, comme Tu as pitié de moi, grand pécheur.
J’aurais voulu t’honorer davantage, ô Seigneur, tu le sais. Mais j’ai pensé que prendre l’argent destiné au Temple pour soulager huit cœurs malheureux était une chose meilleure que de le verser au Trésor et puis faire verser des larmes de désolation à huit innocents malheureux. Pourtant, si je me suis trompé, fais-moi le comprendre, ô Seigneur, et je te donnerai jusqu’à la dernière piécette et je retournerai au pays à pied en mendiant mon pain. Fais-moi comprendre ta justice. Aie pitié de moi, ô Seigneur, car je suis un grand pécheur”.
523.9 – Voilà la parabole.
En vérité, en vérité je vous dis que le pharisien sortit du Temple avec un nouveau péché ajouté à ceux déjà faits avant de monter au Moriah, alors que le publicain en sortit justifié et la bénédiction de Dieu l’accompagna à sa maison et y demeura, car il avait été humble et miséricordieux et ses actions avaient été encore plus saintes que ses paroles, alors que le pharisien n’était bon qu’en paroles et extérieurement alors qu’en son intérieur, il était l’ouvrier de Satan et faisait ses œuvres par orgueil et dureté de cœur, et Dieu le haïssait pour ce motif.
Celui qui s’exalte sera toujours, tôt ou tard, humilié. Si ce n’est pas ici, ce sera dans l’autre vie. Celui qui s’humilie sera exalté particulièrement là-haut au Ciel où on voit les actions des hommes dans leur véritable vérité.
Tome 8, chapitre 523