Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. Lc 16,13
Perdre totalement ses goûts personnels est le commencement de la béatitude éternelle
Le Livre du Ciel Tome 6, 6 décembre 1904
« Ma fille, courage ! Perdre totalement ses goûts personnels est le commencement de la béatitude éternelle. À mesure que l’âme perd ses goûts personnels, les goûts divins viennent en elle.
Quand l’âme s’est complètement perdue elle-même, ne se reconnaît plus, ne trouve en elle plus rien d’elle-même, même pas dans les choses spirituelles, alors Dieu la remplit de Lui-même et la comble de toutes les joies divines.
Alors, et seulement alors, l’âme peut être dite bienheureuse. En effet, aussi longtemps qu’elle avait quelque chose d’elle-même en sa possession, elle ne pouvait être exempte d’amertume et de peurs, et Dieu ne pouvait lui communiquer son bonheur. Toute âme arrivée au port de la béatitude éternelle doit nécessairement avoir vécu ce détachement douloureux, oui, mais nécessaire. Généralement, il se réalise au moment de la mort. Le purgatoire y met la touche finale. C’est pourquoi, si on demande aux créatures sur la terre ce qu’est le goût de Dieu, ce qu’est la béatitude divine, elles sont incapables d’en dire un seul mot. Cependant, pour mes âmes bien-aimées qui se sont données totalement à Moi, Je ne veux pas que leur béatitude commence seulement là-haut dans le Ciel, mais qu’elle commence dès ici-bas sur la terre. Non seulement Je veux les remplir du bonheur et de la gloire du Ciel, mais aussi des souffrances et des vertus que mon Humanité a vécues sur la terre. C’est pourquoi Je les dépouille non seulement des goûts matériels que l’âme considère comme du fumier, mais aussi des goûts spirituels, afin de les remplir totalement de mes Biens et de leur donner le commencement de la véritable béatitude. »
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Mais écoutez une parabole, et vous verrez que les riches eux aussi peuvent se sauver en dépit de leur fortune, ou réparer leurs erreurs passées en faisant bon usage de leurs biens, même s’ils ont été mal acquis. Car Dieu, le Très-Bon, laisse toujours à ses enfants de nombreux moyens de se sauver.
Il y avait donc un riche qui avait un intendant. Certains, qui étaient ses ennemis parce qu’ils enviaient sa bonne situation, ou bien très amis du riche et par conséquent soucieux de son bien-être, accusèrent l’intendant devant son maître.
“ Il dissipe tes biens. Il se les approprie, ou bien il néglige de les faire fructifier. Fais attention ! Défends-toi ! ”
Après avoir entendu ces accusations réitérées, le riche ordonna à l’intendant de comparaître devant lui. Il lui dit :
“ On m’a rapporté à ton sujet telle et telle chose. Pourquoi donc as-tu agi de cette façon ? Rends-moi compte de ta gestion, car je ne te permets plus de t’en occuper. Je ne puis me fier à toi, et je ne peux donner un exemple d’injustice et de laisser-faire qui encouragerait mes autres serviteurs à agir comme tu l’as fait. Va et reviens demain avec toutes les écritures, pour que je les examine afin de me rendre compte de l’état de mes biens avant de les confier à un nouvel intendant. ”
Et il renvoya l’homme, qui partit, très soucieux, et qui réfléchit :
“ Que vais-je faire, maintenant que le maître me retire ma charge ? Je n’ai pas d’économies parce que, persuadé comme je l’étais de me tirer d’affaire, je dépensais tout ce que je prenais. M’embaucher comme paysan sous l’autorité d’un maître, c’est inenvisageable pour moi, car je ne suis plus habitué au travail et la bonne chère m’a alourdi. Demander l’aumône, cela me va encore moins. C’est trop humiliant ! Que faire ? ”
En réfléchissant longuement, il trouva un moyen de sortir de sa pénible situation. Il dit :
“ J’ai trouvé ! De la même façon que je me suis assuré jusqu’à présent une existence confortable, désormais je vais m’assurer des amis qui me recevront par reconnaissance lorsque je n’aurai plus l’intendance. Celui qui rend service a toujours des amis. Allons donc rendre service, pour qu’on en fasse autant à mon égard, et allons-y tout de suite, avant que la nouvelle ne se répande et qu’il ne soit trop tard. ”
Il alla trouver plusieurs débiteurs de son maître, et dit au premier :
“ Combien dois-tu à mon maître pour la somme qu’il t’a prêtée il y a trois ans, au printemps ? ”
L’autre répondit :
“ Cent barils d’huile pour la somme et les intérêts. ”
“ Oh ! mon pauvre ! Toi qui as tant d’enfants, dont certains sont malades, devoir verser un tel montant ? Mais ne t’a-t-il pas prêté la valeur de trente barils ? ”
“ Si. Mais j’étais dans un besoin pressant, et il m’a dit : ‘ Je te le prête, mais à condition que tu me rembourses ce que cette somme te rapportera en trois ans. ’ Elle m’a rapporté une valeur de cent barils, et je dois les lui verser. ”
“ Mais c’est un usurier ! Non, non. Lui, il est riche et tu as à peine de quoi manger. Il a peu de famille, et toi une famille nombreuse. Ecris que cela t’a rapporté cinquante barils et n’y pense plus. Je jurerai que c’est vrai, et tu en profiteras. ”
“ Mais tu ne me trahiras pas ? S’il vient à savoir ? ”
“ Penses-tu ! C’est moi l’intendant, et ce que je jure est sacré. Fais ce je te conseille, et sois heureux. ”
L’homme écrivit, signa et dit :
“ Sois béni ! Mon ami et mon sauveur ! Comment t’en récompenser ? ”
“ Mais en aucune façon ! Néanmoins, si à cause de toi je devais souffrir et être chassé, m’accueillerais-tu par reconnaissance ? ”
“ Mais bien sûr ! Bien sûr ! Tu peux y compter. ”
L’intendant alla trouver un autre débiteur auquel il tint à peu près le même langage. Celui-ci devait rendre cent boisseaux de blé car pendant trois années la sécheresse avait détruit ses récoltes, et il avait dû emprunter au riche pour nourrir sa famille.
“ Mais tu n’y penses pas : rendre le double de ce qu’il t’a prêté ! Refuser du blé ! Exiger le double de quelqu’un qui a faim et qui a des enfants, alors que les vers attaquent ses réserves trop abondantes ! Ecris quatre-vingts. ”
“ Mais s’il se souvient qu’il m’en a donné vingt, puis vingt, puis encore dix ? ”
“ Mais de quoi veux-tu qu’il se souvienne ? C’est moi qui te les ai prêtés, or moi je ne veux pas m’en souvenir. Fais ainsi, et tire-toi d’affaire. Il faut de la justice entre pauvres et riches ! Pour moi, si j’étais le patron, je n’en réclamerais que cinquante, et je t’en ferais peut-être même cadeau. ”
“ Tu es bon. Si tout le monde était comme toi ! Souviens-toi que ma maison est pour toi une maison amie. ”
L’intendant alla chez les autres avec la même méthode, se déclarant prêt à souffrir pour remettre les choses en place avec justice. Cela lui valut une pluie de promesses d’aides et de bénédictions.
Rassuré sur son avenir, il alla tranquillement trouver son maître qui, de son côté, avait filé l’intendant et découvert son petit jeu. Il le loua pourtant :
“ Ta manière d’agir n’est pas bonne, et je ne l’approuve pas. Mais je loue ton habileté. En vérité, en vérité, les enfants du siècle sont plus avisés que ceux de la Lumière. ”
Ces mots du riche, je vous les dis moi aussi :
“ La fraude n’est pas belle, et je n’approuverai jamais personne de s’y livrer. Mais je vous exhorte à être au moins comme les enfants du siècle, habiles à utiliser les moyens du siècle, pour les faire servir de monnaie pour entrer dans le Royaume de la Lumière. ” Pour le dire autrement : faites-vous des amis avec les richesses terrestres, ces moyens injustement répartis et employés à l’acquisition d’un bien-être passager, sans valeur dans le Royaume éternel : ces amis vous en ouvriront les portes. Faites du bien avec les moyens dont vous disposez, restituez ce que vous ou d’autres de votre famille ont pris indûment, libérez-vous de votre attachement maladif et coupable aux richesses. Tout cela sera comme des amis qui, à l’heure de votre mort, vous ouvriront les portes éternelles et vous recevront dans les demeures bienheureuses.
Comment pouvez-vous exiger que Dieu vous donne ses richesses paradisiaques, s’il voit que vous ne savez pas faire bon usage même des biens terrestres ? Voulez-vous — par quelque supposition impossible — qu’il admette dans la Jérusalem céleste des éléments dissipateurs ? Non, jamais. Là-haut, on vivra dans la charité, la générosité et la justice. Tous pour Un et tous pour tous. La communion des saints est une société active et honnête, c’est une société sainte. Et il n’y a personne qui puisse y entrer, s’il s’est montré injuste et infidèle.
Ne dites pas : “ Là-haut, nous serons fidèles et justes, car là-haut nous aurons tout sans crainte d’aucune sorte. ” Non. Qui est infidèle en peu de chose serait infidèle même s’il possédait le Tout, et qui est injuste dans les petites occasions le sera dans les grandes. Dieu ne confie pas ses vraies richesses à celui qui, dans l’épreuve terrestre, montre qu’il ne sait pas utiliser les biens terrestres. Comment pourrait-il vous donner un jour au Ciel la mission de soutenir vos frères sur la terre, quand vous avez montré que vous ne savez que soutirer et frauder ou conserver avidement ? Il vous refusera donc votre trésor, celui qu’il vous avait réservé, pour le donner à ceux qui ont su être avisés sur la terre, en faisant servir à des œuvres justes et saines ce qui est injuste et malsain.
Personne ne peut servir deux maîtres. Car il sera du parti de l’un ou de l’autre, et il haïra l’un ou l’autre. Les deux maîtres que l’homme peut choisir sont Dieu ou Mammon. Mais si vous voulez appartenir au premier, vous ne pouvez revêtir les uniformes, écouter la voix, employer les moyens du second. » Tome 6 – ch 381.5