MERCREDI SAINT
De l’évangile de Matthieu 26, 14-25
« Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Mt 26,21
La tristesse de Jésus à cause de l’abandon des apôtres.
Le livre du Ciel Tome 29, 5 juin 1931
Je me suis fait des amis alors que je semais les miracles et les triomphes, jusqu’à ce qu’ils en arrivent à croire que je devais être leur Roi sur la terre et qu’ayant été mes disciples, ils occuperaient les premières places auprès de moi ; et malgré qu’ils m’aient abandonné durant ma Passion, lorsque ma Résurrection a fait éclater mon triomphe, les apôtres se sont rétractés, ils se sont regroupés entre eux et tels des triomphateurs, ils ont suivi ma doctrine, ma vie, et ont formé l’Église naissante. Si je leur avais reproché de m’avoir abandonné sans faire d’eux mes disciples à l’heure de mes triomphes, je n’aurais eu personne pour parler de moi après ma mort et me faire connaître. Par conséquent, le temps heureux, la gloire sont nécessaires, et il est aussi nécessaire de recevoir les clous qui transpercent et d’avoir la patience de les supporter, afin d’avoir le matériau de mes plus grandes œuvres et qu’elles puissent prendre vie parmi les créatures. Les souffrances, les humiliations, les calomnies et le mépris par lesquels tu passes ne sont-ils pas en tout la répétition de ma vie ? Je sentais répéter en toi le clou de l’abandon et de la dispersion de mes apôtres en voyant que si peu restaient pour t’aider. Je te voyais abandonnée et seule dans mes bras avec le clou de l’abandon de ceux qui t’avaient soutenue, et dans ma douleur je disais : « Monde mauvais,
comme tu sais bien répéter les scènes de ma Passion dans mes enfants ! » Et tu offrais ton amertume pour le triomphe de ma Volonté et aider ceux qui devaient la faire connaître. Par conséquent, courage dans les circonstances douloureuses de la vie. Mais sache que ton Jésus ne t’abandonnera jamais. C’est là une chose que je suis incapable de faire ; mon amour n’est pas de nature inconstante ; il est ferme et constant et ce que dit ma bouche sort de la vie du cœur. Les créatures, par contre, disent une chose et sentent autre chose dans leur cœur ; ils y mêlent aussi bien des objectifs humains, même en se faisant des amis, et tu les vois ainsi changer selon les circonstances. D’où la dispersion de ceux qui semblaient vouloir mettre leur vie en jeu durant les temps heureux et
qui fuient lâchement quand vient le temps des humiliations et du mépris. Ce sont là tous les effets de la volonté humaine, et c’est la vraie prison de la créature, capable de former beaucoup de petites chambres qui n’ont cependant pas de fenêtres, parce qu’elle n’a pas l’intention de créer des ouvertures pour recevoir le bien de la lumière. Et les passions, les faiblesses, la peur, les craintes excessives, l’inconstance sont autant de chambres obscures de sa prison dans lesquelles la créature reste enfermée, les unes après les autres ; la peur engendre la crainte et la créature s’éloigne alors de celui qui offre sa vie par amour pour elle. Par contre, l’âme où règne ma Volonté vit dans mon palais où il y a tant de lumière que les souffrances, les humiliations et les calomnies ne sont
que des escaliers de triomphes et de gloire, et l’accomplissement de grandes œuvres divines.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Il y a un mouvement de stupeur, ou du moins d’agitation, quand ils voient entrer Judas. Mais ils le saluent en chœur :
349> “Paix à toi, Judas de Simon.”
“Paix à vous, membres du Sanhédrin saint” répond Judas.
“Avance. Que veux-tu ?” lui demandent-ils.
“Vous parler… Vous parler du Christ. Il n’est plus possible de continuer ainsi. Je ne peux plus vous aider si vous ne vous décidez pas à prendre des décisions extrêmes. L’homme soupçonne désormais.”
“Tu t’es fait découvrir, sot ?” interrompent-ils.
“Non. C’est vous qui êtes sots, vous qui par une hâte stupide avez fait de fausses manœuvres. Vous le saviez bien que je vous aurais servis ? Vous ne vous êtes pas fiés à moi.”
“Tu as la mémoire courte, Judas de Simon ! Ne te rappelles-tu pas comment tu nous as quittés la dernière fois ? Qui pouvait penser que tu nous étais fidèle, à nous, quand tu as proclamé de cette façon que Lui, tu ne pouvais pas le trahir ?” dit
Elchias plus ironique, plus serpentin que jamais.
“Et vous croyez qu’il est facile de tromper un ami, le Seul qui m’aime vraiment, l’Innocent ? Vous croyez qu’il est facile d’arriver au crime ?”
Judas est déjà agité.
588.3 – Ils cherchent à le calmer et le flattent. Ils le séduisent, ou du moins essaient de le faire, en lui faisant observer que son crime n’en est pas un “mais une œuvre sainte envers la Patrie, à laquelle il évite des représailles de la part de ceux qui la dominent, et qui déjà donnent des signes de mécontentement pour ces continuelles agitations et ces divisions de partis et de foules dans une province romaine, et envers l’Humanité, s’il est vraiment convaincu de la nature divine du Messie et de sa mission spirituelle.”
“Si ce qu’il dit est vrai — loin de nous de le croire — n’es-tu pas le collaborateur de la Rédemption ? Ton nom sera associé au sien au cours des siècles, et la Patrie te comptera parmi ses preux, et t’honorera des charges les plus hautes. Un siège est tout prêt pour toi parmi nous. Tu monteras, Judas. Tu donneras des lois à Israël. Oh ! nous n’oublierons pas ce que tu as fait pour le bien du Temple sacré, du Sacerdoce sacré, pour la défense de la Loi très sainte, pour le bien de toute la Nation ! Aide-nous seulement et ensuite, nous te le jurons,
je te le jure au nom de mon puissant père et de Caïphe qui porte l’éphod, tu seras l’homme le plus grand d’Israël, plus que les tétrarques, plus que mon père lui-même, désormais pontife déposé.
350> Comme un roi, comme un prophète tu seras servi et écouté. Que si ensuite Jésus de Nazareth n’était qu’un faux Messie, même si en réalité il n’était pas passible de mort parce que ses actions ne sont pas d’un larron mais d’un fou, voilà que nous te rappelons les paroles inspirées du pontife Caïphe — tu sais que celui qui porte l’éphod et le rational parle par suggestion divine et prophétise ce qui est bien et ce qu’il faut faire pour le bien — Caïphe, t’en souviens-tu ? Caïphe a dit [2] : “Il est bien qu’un homme meure pour le peuple et que toute la Nation ne périsse pas”. C’était une parole de prophétie.”
“En vérité, il était prophète. Le Très-Haut a parlé par la bouche du Grand Prêtre. Qu’il soit obéi !” disent en chœur, déjà théâtraux et semblables à des automates qui doivent faire des gestes donnés, ces hideuses marionnettes que sont les membres du grand conseil du Sanhédrin.
588.4 – Judas est suggestionné, séduit… mais un reste de bon sens, sinon de bonté, subsiste encore en lui et le retient de prononcer les paroles fatales.
L’entourant avec respect, avec une affection simulée, ils le pressent :
“Tu ne nous crois pas ? Regarde : nous sommes les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales
[3], les Anciens du peuple, les scribes, les plus grands pharisiens d’Israël, les rabbis sages, les magistrats du Temple. L’élite d’Israël est ici, autour de toi, prête à t’acclamer, et qui te dit d’une seule voix : “Fais cela car c’est saint”.
“Et Gamaliel, où est-il ? Et Joseph et Nicodème, où sont-ils ? Et Éléazar, l’ami de Joseph, et Jean de Gaas ? Je ne les vois pas.”
“Gamaliel est en grande pénitence, Jean auprès de sa femme enceinte et souffrante ce soir. Eléazar… nous ne savons pas pourquoi il n’est pas venu. Mais un malaise peut frapper n’importe qui et à l’improviste, n’est-ce pas ? Pour ce qui est de Joseph et de Nicodème nous ne les avons pas avisés de cette séance secrète, par amour pour toi, par souci de ton honneur… Pour que, dans le cas malheureux où la chose échouerait, ton nom ne soit pas rapporté au Maître… Nous protégeons ton nom, nous t’aimons Judas, nouveau Maccabée, sauveur de la Patrie
[4].”
351> “Le Maccabée combattait le bon combat. Moi… je commets une trahison.”
588.5 – “Ne regarde pas les détails de l’acte, mais la justice du but. Parle, toi, ô Sadoq, scribe d’or. De ta bouche coulent de précieuses paroles. Si Gamaliel est docte, toi tu es sage, car sur tes lèvres se trouve la sagesse de Dieu. Parle, toi à celui qui hésite encore.”
Cette bonne peau de Sadoq s’avance et avec lui
Chanania tout décrépit : un renard squelettique et mourant à côté d’un rusé chacal robuste et féroce.
“Écoute, ô homme de Dieu !” commence pompeusement Sadoq en prenant une pose inspirée et oratoire, le bras droit levé en un geste cicéronien, le gauche occupé à soutenir tout cet encombrement de plis que forme son habit de scribe. Et puis il lève aussi le bras gauche, laissant son vêtement monumental perdre ses plis et se mettre en désordre et ainsi, le visage et les bras levés vers le plafond de la pièce, il tonne : “Moi, je te le dis ! Je te le dis devant la Très Haute Présence de Dieu !”
“Maran-Atà !
[5]” font tous écho en se courbant comme si un souffle d’en haut les courbait et puis se relevant les bras croisés sur la poitrine.
“Moi, je te le dis : c’est écrit dans les pages de notre histoire et de notre destin ! C’est écrit dans les signes et les figures laissés par les siècles ! C’est écrit dans le rite qui n’a pas cessé depuis la nuit fatale aux Égyptiens ! C’est écrit dans la figure d’Isaac ! C’est écrit dans la figure d’Abel ! Et que ce qui est écrit se réalise.”
“Maran-Atà !” disent les autres dans un chœur assourdi et lugubre, suggestionnant, avec les gestes déjà faits, les visages bizarrement frappés par la lumière des deux lampadaires allumés aux extrémités de la salle, aux micas violet pâle, qui émanent une lumière fantasmagorique. Et cette assemblée d’hommes presque tous vêtus de blanc, avec les couleurs pâles et olivâtres de leur race rendues encore plus pâles et plus olivâtres par la lumière diffuse, semble vraiment une assemblée de spectres.
“La parole de Dieu est descendue sur les lèvres des prophètes pour marquer ce décret. Il doit mourir ! C’est dit !”
352> “C’est dit ! Maran-Atà !”
“Il doit mourir, et son sort est marqué !”
“Il doit mourir. Maran-Atà !”
“Dans les plus minutieux détails est décrit son destin fatal, et on ne brise pas la fatalité !”
“Maran-Atà !”
“Est indiqué jusqu’au prix symbolique qui sera versé à celui qui se fait l’instrument de Dieu pour la consommation de la promesse.”
[6]
“C’est indiqué ! Maran-Atà !”
“La parole de Dieu est descendue sur les lèvres des prophètes pour marquer ce décret. Il doit mourir ! C’est dit !”