Homélie de mercredi 8 septembre: (Mt 1, 18-23)
Fête de la Nativité de la Vierge Marie
Je continue d’être très affligée à cause de la manière dont Jésus me traite ; cependant, je me résigne à sa très sainte Volonté. Comme je me plaignais de ses privations et de son silence, il me dit : «Ce n’est pas le temps de penser à cela. Ce sont là des soucis d’enfants, d’âmes faibles, qui se préoccupent d’elles-mêmes plus que de moi, qui pensent plus à ce qu’elles ressentent qu’à ce qu’elles doivent faire. De ces âmes se dégage une puanteur humaine et je ne peux pas avoir confiance en elles. «De toi, je n’attends pas cela ; j’attends de toi l’héroïsme des âmes qui, s’oubliant elles-mêmes, ne s’occupent que de moi, et qui, unies à moi, se soucient du salut de mes enfants que le démon essaie de me ravir. Je veux que tu t’adaptes aux temps si pénibles que nous traversons et que tu pleures et pries avec moi face à l’aveuglement des créatures. Ta vie doit disparaître en laissant la mienne te pénétrer totalement. Si tu fais cela, je sentirai en toi le parfum de ma Divinité et je te ferai confiance en ces tristes temps qui ne laissent présager que des châtiments. Qu’arrivera-t-il quand les choses iront plus loin ? Pauvres enfants, pauvres enfants !» Jésus semblait tant souffrir qu’il en devint muet et se retira profondément dans son Cœur, au point de disparaître complète- ment. Quant à moi, lassée, je me remis à me plaindre en l’appelant encore et encore et en lui disant : «Jésus n’entends-tu pas parler des tragédies qui arrivent ? Comment ton Cœur compatissant peut- il supporter tant de tourments chez tes enfants ?» Il bougea en moi en feignant ne pas vouloir qu’on l’entende. Je sentis dans ma respiration une autre respiration, une respiration palpitante accompagnée de râlements. C’était la respiration de Jésus ; j’en reconnaissais la douceur. Tout en me rafraîchissant, elle me faisait ressentir des douleurs mortelles, parce que je ressentais à travers elle la respiration de tous, spécialement des personnes en train de mourir, et dont Jésus partageait l’agonie. Parfois, il semblait souffrir tellement qu’il ne laissait entendre que de faibles gémissements ; de quoi émouvoir de pitié les cœurs les plus endurcis. Ce matin, comme je continuais de me plaindre, il vint et me dit : «Ma fille, l’union de nos Volontés est telle que la Volonté de l’un ne peut être distinguée de celle de l’autre. C’est l’union des Volontés qui forme la perfection des trois Personnes divines, parce que, étant égaux dans nos Volontés, nous sommes aussi égaux en sainteté, en sagesse, en beauté, en puissance, en amour, et en tous nos autres attributs. Nous nous contemplons l’un l’autre et notre satisfaction est si grande que nous en sommes pleinement heureux. Chacun se réfléchit sur l’autre et y déverse ses immenses mers des joies divines. S’il y avait la moindre dissemblance entre nous, nous ne pourrions être parfaits ni parfaitement heureux. «Quand nous avons créé l’homme, nous lui avons infusé notre image et notre ressemblance pour le combler de notre bonheur et pour qu’il soit notre enchantement. Mais il a brisé le chaînon fondamental qui le reliait à son Créateur, la Divine Volonté, perdant ainsi le vrai bonheur et permettant au mal de l’envahir. En conséquence, nous ne pouvons plus nous délecter en lui. C’est seulement en les âmes qui font notre Volonté en toute chose que cela se produit ; c’est en elles que nous pouvons pleinement jouir des fruits de la Création. Même chez les âmes qui pratiquent quelques vertus, qui prient et reçoivent les sacrements, si elles ne sont pas conformes à notre Volonté, nous ne pouvons nous reconnaître en elles. Comme leur volonté est coupée de la nôtre, tout en elles est sens dessus dessous. Donc, ma fille, accomplis ma Volonté toujours et en toute chose et ne te préoccupe de rien d’autre.» Je lui dis : «Mon Amour et ma Vie, comment puis-je me conformer à ta Volonté en ce qui a trait aux nombreux châtiments que tu envoies. C’est beaucoup trop pour que je puisse te dire fiat. De plus, combien de fois m’as-tu dit que si je fais ta Volonté, tu feras la mienne ? Qu’est-ce qui se passe ? Aurais-tu changé ?» Il me répondit : «Ce n’est pas moi qui ai changé, ce sont les créatures qui ont atteint le point d’être insupportables. Viens tout près et reçois de ma bouche les offenses que les créatures m’envoient. Si tu peux les avaler, je suspendrai les châtiments.» Je m’approchai de sa bouche et bus avec avidité. J’essayai ensuite d’avaler, mais, à mon grand regret, j’en fus incapable : je suffo- quais. Je m’essayai de nouveau, mais sans succès. D’une voix tendre et sanglotante, il me dit : «As-tu vu ? Tu ne peux avaler. Rejette ça sur le sol et ça va tomber sur les créatures.» Je le fis et Jésus le fit aussi en disant : «Ce n’est encore rien, ce n’est encore rien !» Ensuite, il disparut. Vol 11, 8 février 1915