Luisa dit : Me trouvant dans mon état habituel, je me sentais tout opprimée. J’avais une certaine crainte d’être persécutée, contrariée et calomniée. Je ne craignais pas pour moi seule, qui ne me préoccupe pas de moi-même Puisque je suis une pauvre créature qui ne vaut rien. Mais je m’inquiétais pour mon confesseur et les autres prêtres. Ainsi, je me sentais le cœur écrasé par ce poids, sans pouvoir trouver de repos. Pendant ce temps, mon adorable Jésus vint et me dit :
« Ma fille, pourquoi perds-tu ton temps à rester troublée et inquiète comme ça? En ce qui te concerne, il n’y a rien à craindre. Tout vient de la Providence divine qui permet les calomnies, les persécutions et les contrariétés pour justifier l’homme et le faire revenir à l’union à son Créateur, seul à seul, sans appui humain, tel qu’il est sorti au moment de sa création. Chez l’homme, aussi bon et saint qu’il soit, -il reste toujours quelque chose de l’esprit humain dans son intérieur et son extérieur. -Il n’est pas parfaitement libre. -Il tient toujours à quelque chose d’humain dans lequel il espère, sur lequel il s’appuie. Par cela, il veut recevoir estime et respect. Mais que souffle un peu le vent des calomnies, des persécutions et des contrariétés, Oh! quelle grêle destructrice reçoit alors son esprit humain ! En se voyant combattu, mal vu et méprisé par les créatures, – il ne trouve plus de satisfaction. L’aide, les appuis, la confiance et l’estime finissent par lui manquer totalement. Si, auparavant, il recherchait ces choses, il les fuit maintenant. Parce que, où qu’il se tourne, il ne trouve que des amertumes et des épines. Réduit à cet état, il se retrouve seul. Mais l’homme ne peut pas demeurer seul. Il n’est pas fait pour cela. Le pauvre, que fera-t-il? Sans le moindre empêchement, il se tournera totalement vers son centre qui est Dieu. Alors, Dieu se donnera tout à lui et lui se donnera tout à Dieu. Il appliquera – son intelligence à connaître Dieu, – sa mémoire à se souvenir de Dieu et de ses bienfaits, et – sa volonté à l’aimer. Ma fille, voilà l’homme justifié, sanctifié et refait dans son âme, but pour lequel il a été créé. Bien que, plus tard, il lui faudra traiter avec les créatures, -s’il se voit offrir de l’aide, des appuis et de l’estime, il recevra ces choses avec indifférence. Par expérience, il les reconnaîtra pour ce qu’elles sont. S’il s’en sert, il le fera seulement s’il voit en elles l’honneur et la gloire de Dieu, – en se retrouvant toujours seul avec Dieu. »