En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » Saint Marc (1, 40-45)
Vol 24, 7 juillet 1928
Je suivais mon doux Jésus dans sa Vie publique et en pensant à toutes les maladies humaines que Jésus avait guéries, je me disais : « Pourquoi la nature humaine s’est-elle transformée à ce point que certains sont devenus muets, sourds, aveugles, d’autres couverts de plaies et victimes de tant d’autres maux? Si c’est la volonté humaine qui faisait le mal, pourquoi le corps a-t-il tant souffert lui aussi? » Et mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit :
Ma fille, tu dois savoir que le corps n’a rien fait de mal, mais que tout le mal a été fait par la volonté humaine. Avant le péché, Adam possédait la Vie complète de ma Divine Volonté dans son âme; on peut dire qu’il en était rempli à ras bord, au point qu’Elle débordait hors de lui. En vertu de ma Volonté, la volonté humaine transfusait la lumière et exhalait les fragrances de son Créateur : parfums de Beauté, de Sainteté et de pleine Santé; parfums de Pureté et de Force qui émanaient de sa volonté comme autant de nuages lumineux. Et le corps était si embelli par ces exhalaisons qu’il était merveilleux de le voir beau, vigoureux, lumineux, en si bonne santé et d’une grâce si ravissante.
Après qu’Adam eut péché, sa volonté resta seule et plus personne ne diffusait en elle la lumière, la grande variété des fragrances qui, transfusées à l’extérieur, préservaient l’âme et le corps tels qu’ils avaient été créés par Dieu. Ce furent au contraire d’épais nuages, un air putride, des odeurs de faiblesse et de misères qui commencèrent à émaner de sa volonté humaine, de telle sorte que le corps perdit lui aussi sa fraîcheur et sa beauté. Il devint affaibli et sujet à tous les maux, partageant tous les maux de la volonté humaine tout comme il en avait partagé tous les biens. Et si la volonté humaine est guérie en recevant à nouveau la Vie de ma Divine Volonté, tous les maux de la nature humaine cesseront d’avoir de la vie, comme par magie.
N’est-ce pas également ce qui se passe lorsqu’un air putride, mauvais et puant entoure les créatures? Combien de maux n’entraîne-t-il pas, alors que la puanteur devient si grande qu’elle en coupe le souffle et pénètre jusqu’aux entrailles au point de produire des maladies contagieuses qui mènent au tombeau. Et si un peu d’air de l’extérieur peut causer tant de mal, combien plus grand peut être le mal provoqué par l’air brumeux et putride de la volonté humaine, lequel provient de l’intérieur de la créature, des profondeurs de son être tout entier. Il y a d’ailleurs l’exemple palpable des plantes. Combien de fois, dans un jardin ou un champ en fleurs où un fermier espérait faire dans la joie une abondante récolte et cueillir de beaux fruits, il a suffi d’un brouillard pour faire tomber les fruits ou d’un vent trop froid pour mettre son champ en deuil en faisant mourir les fleurs noircies, et plonger le pauvre fermier dans la tristesse.
Si l’air est bon, il communique la vie du bien; s’il est mauvais, il communique la vie du mal, et parfois la mort. L’exhalaison de l’air, si elle est bonne, peut être appelée vie; si elle est mauvaise, elle peut être appelée mort pour les pauvres créatures. Si tu savais combien j’ai souffert dans ma Vie publique lorsque des aveugles, des muets, des lépreux, etc., se présentaient devant Moi… Je reconnaissais en eux les exhalaisons de la volonté humaine et comment l’homme, sans ma Volonté, de- vient difforme dans son âme et dans son corps. De fait, mon Fiat seul a la vertu de préserver notre Œuvre entière, fraîche et magnifique telle qu’elle est sortie de Nos mains créatrices.[1]
[1] CEC 1505 Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (Mt 8, 17 ; cf. Is 53, 4). Il n’a pas guéri tous les malades. Ses guérisons étaient des signes de la venue du Royaume de Dieu. Ils annonçaient une guérison plus radicale : la victoire sur le péché et la mort par sa Pâque. Sur la Croix, le Christ a pris sur lui tout le poids du mal (cf. Is 53, 4-6) et a enlevé le « péché du monde » (Jn 1, 29), dont la maladie n’est qu’une conséquence.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
175.1 Au milieu des fleurs innombrables qui parfument le sol et égaient la vue, se dresse l’horrible spectre d’un lépreux, rongé par la maladie et couvert de plaies qui exhalent une odeur fétide.
Épouvantés, les gens hurlent et font demi-tour en direction des premières pentes de la montagne. Certains prennent même des pierres pour les lancer à l’imprudent.
Mais Jésus se retourne, les bras ouverts, en criant :
« Paix ! Restez là où vous êtes et n’ayez pas peur. Posez les pierres. Ayez pitié de ce pauvre frère. Lui aussi, il est fils de Dieu. »
Subjugués par l’autorité du Maître, les gens obéissent. Il s’avance à travers les hautes herbes fleuries jusqu’à quelques pas du lépreux qui, à son tour, s’est approché quand il a compris que Jésus le protégeait.
Arrivé près de Jésus, il se prosterne et la prairie l’accueille et le submerge comme une eau fraîche et parfumée. Les fleurs qui ondoient semblent étendre un voile sur les misères qu’elles cachent. Seule la voix plaintive qui en sort rappelle qu’il y a là un pauvre être :
« Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier. Aie aussi pitié de moi ! »
Jésus répond :
« Lève ton visage et regarde moi. L’homme doit savoir regarder le ciel quand il y croit. Or toi, tu crois, puisque tu l’implores. »
Les herbes bougent et se rouvrent. Tel une tête de naufragé qui émerge de la mer, le visage du lépreux apparaît, sans cheveux ni barbe : un crâne où il resterait encore un petit lambeau de chair.
Cependant Jésus ose poser le bout des doigts sur ce front, là où il est net, sans plaies, où il n’y a qu’une peau cireuse, écailleuse, entre deux érosions purulentes dont l’une a détruit le cuir chevelu et dont l’autre a ouvert un trou là où se trouvait l’œil droit. Je ne saurais dire si dans cette énorme cavité qui s’étend de la tempe au nez en mettant à nu le zygoma et les cartilages du nez, rempli de saleté, il reste le globe oculaire ou non.
Laissant le bout de sa belle main appuyé là, Jésus dit :
« Je le veux : sois purifié. »
Comme si l’homme n’était pas rongé par la lèpre et couvert de plaies, mais seulement recouvert de crasses sur lesquelles on aurait versé un détergent liquide, voilà que la lèpre disparaît. Tout d’abord les plaies se referment, la peau redevient claire, l’œil droit réapparaît entre les paupières qui se sont reformées, des lèvres se referment sur les dents jaunâtres. Seuls les cheveux et la barbe restent absents avec de rares touffes de poils là où il y avait encore un reste d’épiderme sain.
La foule crie de stupeur et l’homme comprend qu’il est guéri en entendant les cris de joie. Il lève les mains, jusqu’alors cachées par les herbes, et se touche l’œil là où il y avait cet énorme trou. Il se touche la tête, là où se trouvait la grande plaie qui couvrait le crâne et il palpe la nouvelle peau. Alors il se lève et regarde sa poitrine, ses hanches… Tout est sain et propre… L’homme s’affaisse de nouveau dans le pré fleuri, pleurant de bonheur.
« Ne pleure pas. Lève-toi et écoute-moi. Reviens à la vie en observant le rite et ne parle à personne jusqu’à ce qu’il soit accompli. Montre-toi le plus tôt possible au prêtre. Fais l’offrande prescrite par Moïse en témoignage du miracle survenu de ta guérison.
– C’est à toi que je devrais rendre témoignage, Seigneur !
– Tu le feras en aimant mon enseignement. Va. »
175.2 La foule s’approche de nouveau et, tout en se tenant à la distance imposée par la Loi, félicite le miraculé. Certains éprouvent le besoin de remettre un viatique à l’indigent et lui lancent des pièces de monnaie. D’autres lui jettent du pain et des vivres. A la vue de l’habit du lépreux qui n’est qu’une loque qui le couvre mal, un spectateur retire son manteau, en fait un paquet et l’envoie au pauvre homme qui peut ainsi se couvrir d’une manière décente. Comme la charité est contagieuse quand on est en groupe, un autre encore ne résiste pas au désir de lui fournir des sandales. Il enlève les siennes et les lui jette.
« Mais, et toi ? lui demande Jésus qui le voit faire.
– Oh ! J’habite tout près d’ici. Je peux marcher pieds nus. Lui a une longue route à faire.
– Que Dieu te bénisse, toi et tous ceux qui ont rendu service à ce frère. Homme, tu prieras pour eux.
– Oui, oui, pour eux et pour toi, pour que le monde ait foi en toi.
– Adieu. Va en paix. »
L’homme s’éloigne de quelques mètres, puis il se retourne et crie :
« Est-ce que je peux dire au prêtre que c’est toi qui m’as guéri ?