Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. » Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Jn 13, 1
Dans un excès d’amour, et ne voulant pas quitter ses enfants, mon cher Fils venait d’instituer le sacrement de l’Eucharistie.
LA REINE DU CIEL DANS LE ROYAUME DE LA VOLONTÉ DIVINE : Vingt-septième jour
Ma très chère fille, ne me refuse pas ta compagnie dans cette si grande douleur. La Divinité avait décrété le moment du dernier jour de mon Fils ici-bas. L’un de ses apôtres venait de le trahir en le remettant aux mains des Juifs pour qu’on le fasse mourir. Dans un excès d’amour, et ne voulant pas quitter ses enfants, mon cher Fils venait d’instituer le sacrement de l’Eucharistie, afin que quiconque le désirera puisse le posséder. Ma chère fille, mon Fils était donc sur le point de s’envoler vers sa Patrie céleste. La Divine Volonté me l’avait donné, c’est en elle que je l’avais reçu et c’est en elle que j’allais le laisser partir. Mon Coeur était en pièces. Des mers de douleurs m’inondaient. Je sentais ma vie me quitter à cause de ces atroces souffrances. Mais je ne pouvais rien refuser à la Divine Volonté : j’étais prête à le sacrifier de mes propres mains si elle me le demandait. La force de la Divine Volonté est absolue. Je ressentais une telle force par elle que j’étais prête à mourir plutôt que de lui refuser quoi que ce soit.
LES 24 H DE LA PASSION DU CHRIST : QUATRIÈME HEURE DE 20 H À 21 H LE LAVEMENT DES PIEDS ET L’INSTITUTION DE LA TRÈS SAINTE EUCHARISTIE.
Mon doux Jésus, alors que se termine la cène légale, je vois que tu te lèves de table et, qu’avec tes apôtres, tu fais la prière de remerciements au Père, réparant ainsi nos manques de remerciements relativement aux nombreux moyens que Dieu met à notre disposition pour l’entretien de notre vie corporelle. Ô Jésus, en tout ce que tu fais ou ce que tu vois, tu as toujours aux Lèvres des Prières d’action de grâce pour le Père. Et moi, à ton exemple, je veux en toutes choses te dire : « merci, pour moi et pour tous ». Par cela, je veux réparer nos manques de reconnaissance. Ô mon Bien, ton Amour n’a pas de répit : je vois que tu fais asseoir de nouveau tes apôtres, que tu prends une bassine d’eau, que tu te ceins d’une serviette blanche et que tu te prosternes à leurs pieds dans un Acte si humble qu’il attire sur toi les regards de tout le Ciel qui deviennent extatiques ; les apôtres eux-mêmes en sont abasourdis. Mais dis-moi, mon Amour, que veux-tu, qu’entends-tu montrer par cet Acte si humble ? En fait, prosterné devant tes apôtres comme un pauvre mendiant, tu leur dis en ton Coeur : « Je vous demande votre âme et je vous tends des pièges d’Amour pour vous attirer à moi ; je veux, au moyen de cette eau mêlée à mes Larmes, vous purifier de toute imperfection et vous préparer à me recevoir dans le Grand Sacrement. Cet Acte de purification me tient tellement à coeur que je ne veux le confier ni aux anges, ni à ma chère Maman ; je veux moi-même purifier votre âme pour la disposer à recevoir la Sainte Communion. «Et je veux réparer les oeuvres saintes et en particulier l’administration des sacrements faites dans un esprit de vanité plutôt que dans l’humilité et le désintéressement. Ah ! Combien d’oeuvres bonnes m’atteignent plus pour m’attrister que pour me plaire, plus pour me donner la mort que pour accroître la vie ! Voilà les offenses qui m’attristent le plus ! Ô âmes, voyez toutes ces offenses qu’on me fait et réparez au moyen de mes propres Réparations pour consoler mon Coeur si abreuvé d’amertume ! » Ô Jésus affligé, inonde-moi de ta Vie pour que je puisse réparer tant d’offenses. Je veux entrer dans les cachettes les plus intimes de ton Coeur, et réparer à l’aide de ton propre Coeur les offenses que tu reçois de ceux qui te sont les plus chers. Je veux, ô mon Jésus, te suivre en toutes choses, et avec toi aller chez toutes les âmes qui vont te recevoir dans l’Eucharistie, entrer dans leur coeur et, au moyen de tes Larmes mêlées à l’eau avec laquelle tu laves les pieds de tes apôtres, laver ces âmes, purifier leur coeur, afin que quand elles te recevront, tu trouves en elles ton ravissement. Ô doux Jésus, pendant que tu laves les pieds de tes apôtres, je vois qu’une autre Souffrance affecte ton Coeur. Ces apôtres représentent tous les futurs fils de l’Église, et n’étant pas encore parfaits, ils représentent la série de tous les maux qui existeront dans l’Église. En l’un sont symbolisées les faiblesses ; en l’autre les duperies ; en celui-ci les hypocrisies ; en un autre l’amour démesuré pour les intérêts terrestres ; en saint Pierre le manquement aux résolutions et toutes les offenses des chefs ecclésiastiques ; en saint Jean (qui lui aussi s’endormit dans le Jardin, après avoir dormi sur ton Coeur, et qui s’est ensuite enfui) les fragilités de ceux qui te sont le plus fidèles ; en Judas les apostats et toute la série des graves offenses commises par eux. Tu t’arrêtes aux pieds de chaque apôtre et tu pleures, tu pries, tu répares chacune de ces offenses, tu obtiens par tes Prières force et aide pour tous. Mon Jésus, je m’unis à toi, je fais miennes tes Prières, tes Réparations. Je veux être toujours à tes côtés pour partager tes Peines et mêler mes larmes aux tiennes. Et je te vois, ô mon Amour, aux pieds de Judas. J’entends ta Respiration haletante et je vois que non seulement tu pleures, mais que tu sanglotes. En lavant ses pieds, tu les baises, tu les serres sur ton Coeur et, suffoqué par tes Larmes, tu le regardes et lui dis dans ton Coeur : « Mon fils, de grâce, je te prie par la voix de mes Larmes, ne va pas en enfer, donne-moi ton âme ; je te le demande prosterné à tes pieds ! Dis-moi ce que tu veux ! Qu’exiges-tu ? Je te donnerai tout, pourvu que tu ne te perdes pas ! De grâce, épargne-moi cette douleur, à moi, ton Dieu ! » Et tu recommences à presser ses pieds sur ton Coeur. Voyant sa dureté, ton Coeur suffoque et tu es près de t’évanouir. Ô mon Coeur et ma Vie, permets-moi de te soutenir de mes bras ; je vois que tu utilises des stratagèmes amoureux avec les pécheurs obstinés. Je te prie de me permettre de parcourir avec toi toute la terre, pour donner à ces pécheurs tes Larmes pour les amollir, tes Baisers et tes Étreintes d’Amour pour les enchaîner à toi de sorte qu’ils ne puissent plus te fuir. Ainsi cela te dédommagera de la Douleur que tu souffres à cause de la perte de Judas. Mon Jésus, ma Joie et mon Délice, je vois que ton Amour court et court vite : tu te lèves et, dans la désolation qui t’habite, anxieux, tu t’approches de la table où sont déjà préparés le pain et le vin pour la consécration. Je vois que ta Personne divine revêt un aspect tendre et affectueux jamais vu auparavant, tes Yeux sont fulgurants de Lumière plus que s’ils étaient des soleils, ton Visage est rose et resplendissant, tes Lèvres sourient et brillent d’Amour, tes Mains sont créatrices, tous tes Membres ont une attitude de Créateur. Mon Amour, je te vois tout transformé. Ta Divinité semble déborder ton Humanité. Jésus, mon Coeur et ma Vie, ton aspect, jamais vu auparavant, attire l’attention de tous. Les apôtres sont pris par un doux enchantement et osent à peine respirer. Ta douce Maman accourt en esprit au pied de la Sainte Table, pour admirer ce miracle de ton Amour, les anges descendent du Ciel et semblent se demander entre eux : « Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ? Ce sont de vraies folies d’Amour, de vrais excès d’Amour : un Dieu qui crée, non pas le Ciel ou la terre, mais lui-même, à partir de la matière corruptible d’un peu depain, d’un peu de vin ! »
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Mais maintenant, avant que l’on boive le troisième calice, attendez un moment. Je vous ai dit que le plus grand est égal au plus petit, que je suis le serviteur à cette table, et que je vous servirai davantage. Jusqu’à présent, je vous ai donné de la nourriture, qui sert au corps. Cette fois, je veux vous donner une nourriture pour l’esprit. Ce n’est pas un plat du rituel ancien. Il appartient au nouveau rite. J’ai voulu me faire baptiser avant d’être le “ Maître ”. Pour répandre la Parole, ce baptême suffisait. Maintenant, c’est le Sang qui va être répandu. Il faut un nouveau baptême, pour vous aussi qui avez pourtant été purifiés par Jean-Baptiste en son temps, et encore aujourd’hui au Temple. Mais cela ne suffit pas. Venez, que je vous purifie. Suspendez le repas. Il y a quelque chose de plus élevé et de plus nécessaire que la nourriture destinée à remplir le ventre, même si c’est une nourriture sainte comme celle du rite pascal. Et c’est un esprit pur, disposé à recevoir le don du Ciel qui déjà descend pour se faire un trône en vous et vous donner la vie. Donner la vie à qui est pur. »
Jésus se lève, fait lever Jean pour sortir plus facilement de sa place, se dirige vers un coffre et ôte son vêtement rouge pour le plier et le déposer sur son manteau déjà plié. Puis il se ceint la taille d’un grand linge, et va prendre un autre bassin, encore vide et propre. Il y verse de l’eau, le porte au milieu de la pièce près de la table, et le pose sur un tabouret. Les apôtres le regardent avec étonnement.
« Vous ne me demandez pas ce que je fais ?
– Nous l’ignorons. Je te dis que nous sommes déjà purifiés, répond Pierre.
– Et moi, je te répète que cela n’a pas importance. Ma purification servira à celui qui est déjà pur à l’être davantage. »
Il s’agenouille, délace les sandales de Judas et lui lave les pieds l’un après l’autre. Il lui est facile de le faire, car les lits-sièges sont disposés de façon que les pieds sont tournés vers l’extérieur. Stupéfait, Judas garde le silence. Mais lorsque Jésus, avant de chausser le pied gauche et de se lever, fait le geste de lui baiser le pied droit déjà chaussé, Judas retire vivement son pied et frappe involontairement de sa semelle la bouche divine. Ce n’est pas un coup fort, mais il me cause une vive douleur. Jésus sourit et, à l’apôtre qui lui demande : “ T’ai-je fait mal ? Je ne voulais pas… Pardon ”, il répond :
« Non, mon ami. Tu l’as fait sans malice, donc cela ne me fait pas mal. »
Judas pose sur lui un regard troublé, fuyant…
Jésus passe à Thomas, puis à Philippe… Il suit le côté étroit de la table et arrive à son cousin Jacques. Il le lave et, en se levant, lui baise le front. Il en vient à André, qui rougit de honte et prend sur lui-même pour ne pas pleurer, il le lave, le caresse comme un enfant. Puis c’est au tour de Jacques, fils de Zébédée, qui ne cesse de murmurer :
Jean a déjà délacé ses sandales, et lorsque Jésus se penche pour lui essuyer les pieds, il s’incline pour baiser ses cheveux.
Mais Pierre !… Il n’est pas facile de le convaincre de se prêter à ce rite !
« Toi, me laver les pieds ? Tu n’y penses pas ? Tant que je vivrai, je ne le permettrai pas. Je suis un ver, tu es Dieu. Chacun à sa place !
– Ce que je fais, tu ne peux le comprendre à présent ; par la suite, tu comprendras. Laisse-moi faire.
– Tout ce que tu veux, Maître, mais pas cela. Veux-tu me couper le cou ? Fais-le. Mais me laver les pieds, non, tu ne le feras pas.
– Oh ! mon Simon ! Ne sais tu pas que si je ne te lave pas, tu n’auras pas part à mon Royaume ? Simon, Simon ! Tu as besoin de cette eau pour ton âme et pour le long de chemin que tu dois parcourir. Tu ne veux pas venir avec moi ? Si je ne te lave pas, tu ne viens pas dans mon Royaume.
– Oh ! mon Seigneur béni ! Alors lave-moi tout entier ! Pieds, mains et tête !
– Qui s’est baigné, comme vous, n’a pas besoin de se laver autre chose que les pieds, puisqu’il est entièrement pur. Les pieds… L’homme foule aux pieds les ordures. Et ce serait encore peu car, je vous l’ai dit, ce n’est pas ce qui entre et sort avec la nourriture qui souille l’homme, ni ce sur quoi il marche qui le contamine. C’est plutôt ce qui couve et mûrit dans son cœur et sort de là pour entacher ses actions et ses membres. Les pieds de l’homme à l’âme impure lui servent à aller aux orgies, à la débauche, aux commerces illicites, aux crimes… Ce sont donc parmi les membres du corps, ceux qui ont un grand besoin de purification… avec les yeux, avec la bouche… Oh ! homme ! homme ! Toi qui fus une créature parfaite un jour, le premier, avant que le Séducteur ne te corrompe à ce point ! Il n’y avait pas de malice en toi, ô homme, et pas de péché !… Et maintenant ? Tu es tout entier malice et péché, il n’y a pas de partie de toi qui ne pèche pas ! »
Jésus lave les pieds à Pierre, les baise ; en larmes, Pierre prend dans ses grosses mains celles de Jésus, il les passe sur ses yeux puis les baise (…) Tome 9 – ch 600.11