En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? »
“Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive.” Lc 9, 23
Seule la créature qui vit dans ma Volonté ne place pas ma Volonté sur la croix. Je peux dire alors que c’est moi qui forme la croix de cette créature…
Le livre du Ciel Tome 36, 5 décembre 1938
Oh ! combien ma Volonté se sent crucifiée sur la croix de la volonté humaine ! Ma Volonté, avec son divin mouvement, veut faire se lever le jour dans le mouvement humain. Mais la créature place le mouvement divin sur la croix et, avec le mouvement de la créature, elle fait surgir la nuit et place la lumière sur la croix. Combien ma lumière souffre en se voyant réprimée, crucifiée et réduite à l’impuissance par la volonté humaine ! Avec son souffle, ma Volonté veut que la créature respire son souffle pour lui donner la vie de sa sainteté et de sa force. Et la créature qui ne la reçoit pas place le clou du péché dans ma Volonté, le clou de
ses passions et de ses faiblesses. Ma pauvre Volonté ! Dans quel état de souffrance et de crucifixion continue, elle se trouve dans la volonté humaine ! La volonté humaine ne fait que mettre notre amour sur la croix et tous les biens que nous voulons lui donner sont remplis de ses clous. Seule la créature qui vit dans ma Volonté ne place pas ma Volonté sur la croix. Je peux dire alors que c’est moi qui forme la croix de cette créature, mais cette croix est très différente. Avec ma Volonté, mon Vouloir sait comment placer suffisamment de clous de lumière, de sainteté et d’amour pour rendre la créature forte de notre force divine ; des clous qui ne lui causent pas de souffrance, mais qui la rendent heureuse, lui donnent une beauté ravissante et qui sont porteurs de grandes conquêtes. Et pour la créature qui expérimente cela, le bonheur qu’elle ressent est si grand qu’elle nous prie et nous supplie de toujours la garder sur la croix avec nos clous divins. Dès lors, elle ne peut plus s’échapper. Si les deux volontés, l’humaine et la divine, ne sont pas unies, la volonté humaine formera notre croix et notre Volonté formera sa croix. De plus, notre amour et notre jalousie sont si grands que nous ne laissons pas même un seul de ses souffles sans notre clou de lumière et d’amour afin de l’avoir toujours avec nous et de pouvoir dire : « Ce que nous faisons, elle le fait, et elle veut ce que nous voulons. » Tu dois savoir que lorsque la créature entre dans notre Vouloir, tout est transformé. Les ténèbres se changent en lumière, la faiblesse en force, la pauvreté en richesse, les passions en vertus. Il se produit un tel changement que la créature ne se reconnaît plus. Son état n’est plus celui d’une vile esclave, mais d’une noble reine.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta
Attendons les autres. Où sont-ils ? »
Ils se sont arrêtés où ils étaient quand Pierre a rejoint Jésus, pour laisser au Maître la liberté de parler à son apôtre humilié. Jésus leur fait signe d’avancer. Avec eux se trouvent quelques paysans qui avaient délaissé leur travail dans les champs pour venir interroger les disciples.
Jésus a toujours la main sur l’épaule de Pierre et dit :
« Par ce qui est arrivé, vous avez compris que c’est une affaire exigeante que d’être à mon service. C’est à lui que j’ai adressé ce reproche, mais il était pour tous, parce que les mêmes pensées étaient dans la plupart de vos cœurs, soit formées, soit en germe. De cette façon je les ai brisées, et celui qui les cultive encore montre qu’il ne comprend pas ma doctrine, ma mission, ma Personne.
Je suis venu pour être le Chemin, la Vérité et la Vie. Je vous donne la Vérité par ce que j’enseigne. Je vous aplanis le chemin par mon sacrifice, je vous le trace, je vous l’indique. Mais la Vie, c’est par ma mort que je vous la donne. Et souvenez-vous que quiconque répond à mon appel et se met dans mes rangs pour coopérer à la rédemption du monde doit être prêt à mourir pour donner la Vie aux autres. Ainsi quiconque veut marcher à ma suite doit être prêt à renoncer à lui-même, à renier ce qu’il était avec ses passions, ses tendances, ses habitudes, ses traditions, ses pensées, et à me suivre avec son nouvel être.
Que chacun prenne sa croix comme moi je la prendrai. Qu’il la prenne, même si elle lui semble trop infamante. Qu’il laisse le poids de sa croix écraser son être humain pour libérer son être spirituel, à qui la croix ne fait pas horreur, mais au contraire est un point d’appui et un objet de vénération, car l’âme sait et se souvient. Et qu’il me suive avec sa croix. Est-ce qu’au bout du chemin une mort ignominieuse l’attendra comme elle m’attend ? Peu importe. Qu’il ne s’en afflige pas, mais au contraire qu’il se réjouisse, car l’ignominie de la terre se changera en une grande gloire au Ciel, alors que ce sera un déshonneur d’être lâche en face des héroïsmes spirituels.
Vous ne cessez de dire que vous voulez me suivre jusqu’à la mort. Suivez-moi donc, et je vous mènerai au Royaume par un chemin âpre mais saint et glorieux, au terme duquel vous conquerrez la vie qui ne change pas pour l’éternité. Ce sera “ vivre ”. Suivre, au contraire, les voies du monde et de la chair, c’est “ mourir ”. De cette façon quiconque veut sauver sa vie sur la terre la perdra, tandis que celui qui perdra sa vie sur la terre à cause de moi et par amour pour mon Évangile la sauvera. Mais réfléchissez : à quoi servirait-il à l’homme de gagner le monde entier s’il perd son âme ?
Et encore gardez-vous bien, maintenant et à l’avenir, d’avoir honte de mes paroles et de mes actions. Cela aussi serait “ mourir ”. En effet, quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération sotte, adultère et pécheresse dont j’ai parlé, et la flattera dans l’espoir d’en tirer protection et avantages en me reniant, moi et ma doctrine, et en jetant dans les gueules immondes des porcs et des chiens les perles qu’il aura reçues, pour obtenir en récompense des excréments en guise de paiement, celui-là sera jugé par le Fils de l’homme quand il viendra dans la gloire de son Père et avec les anges et les saints pour juger le monde. C’est lui alors qui rougira de tous ces adultères et fornicateurs, de ces lâches et de ces usuriers et il les chassera de son Royaume, parce qu’il n’y a pas place dans la Jérusalem céleste pour les débauchés, les cruels, les blasphémateurs et les voleurs. Et, en vérité, je vous dis que certains de mes disciples ici présents ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu se fonder le Royaume de Dieu, avec son Roi qui aura reçu la couronne et l’onction. »
Ils reprennent leur marche en parlant avec animation pendant que le soleil descend lentement dans le ciel. Tome 5 – ch 346.9.