SAINT FRANÇOIS DE SALES (1567-1622) DOCTEUR DE L’ÉGLISE – COFONDATEUR DE L’ORDRE DE LA VISITATION AVEC SAINTE JEANNE-FRANÇOISE DE CHANTAL.
De l’Évangile de Marc 4, 1-20
En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer de Galilée. Une foule très nombreuse se rassembla auprès de lui, si bien qu’il monta dans une barque où il s’assit. Il était sur la mer, et toute la foule était près de la mer, sur le rivage. Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et dans son enseignement il leur disait : « Écoutez ! Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ; les oiseaux sont venus et ils ont tout mangé. Du grain est tombé aussi sur du sol pierreux, où il n’avait pas beaucoup de terre ; il a levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde ; et lorsque le soleil s’est levé, ce grain a brûlé et, faute de racines, il a séché. Du grain est tombé aussi dans les ronces, les ronces ont poussé, l’ont étouffé, et il n’a pas donné de fruit. Mais d’autres grains sont tombés dans la bonne terre ; ils ont donné du fruit en poussant et en se développant, et ils ont produit trente, soixante, cent, pour un. » Et Jésus disait : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » Quand il resta seul, ceux qui étaient autour de lui avec les Douze l’interrogeaient sur les paraboles. Il leur disait : « C’est à vous qu’est donné le mystère du royaume de Dieu ; mais à ceux qui sont dehors, tout se présente sous forme de paraboles. Et ainsi, comme dit le prophète : Ils auront beau regarder de tous leurs yeux, ils ne verront pas ; ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, ils ne comprendront pas ; sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon. » Il leur dit encore : « Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors, comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? Le semeur sème la Parole. Il y a ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée : quand ils l’entendent, Satan vient aussitôt et enlève la Parole semée en eux. Et de même, il y a ceux qui ont reçu la semence dans les endroits pierreux : ceux-là, quand ils entendent la Parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie ; mais ils n’ont pas en eux de racine, ce sont les gens d’un moment ; que vienne la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils trébuchent aussitôt. Et il y en a d’autres qui ont reçu la semence dans les ronces : ceux-ci entendent la Parole, mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et toutes les autres convoitises les envahissent et étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit. Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux- là entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent, pour un. »
“Écoutez ! Voici que le semeur sortit pour semer.” Mc 1, 3
Ma Volonté n’est pas une semence comme les vertus, elle est la vie ;
Le livre du Ciel Tome 24, 29 avril 1928
Ma fille, lorsque l’âme pratique une vertu, le premier acte qu’elle pratique forme la semence, et en pratiquant le second, le troisième et ainsi de suite, elle cultive la semence, l’arrose, et elle devient une plante qui produit ses fruits. Si l’âme ne pratique cette vertu qu’une seule fois, ou un petit nombre de fois, la semence n’est ni arrosée ni cultivée elle meurt, et l’âme reste sans plante et sans fruits, car une vertu n’est jamais formée par un acte seul, mais par des actes répétés. Cela se passe comme sur la terre: il ne suffit pas de semer la graine en terre, il faut la cultiver souvent et l’arroser si l’on veut avoir la plante et les fruits de cette semence ; sinon la terre durcit et la recouvre sans lui donner la vie. Celui qui veut acquérir une vertu comme celle de patience, d’obéissance, ou autre, doit semer la première semence pour ensuite l’arroser et la cultiver avec d’autres actes. De cette façon, l’âme formera un grand nombre de plantes belles et diverses. Par contre, ma Volonté n’est pas
une semence comme les vertus, elle est la vie ; et à mesure que l’âme commence à être résignée, à voir ma Volonté en toute chose et à vivre en elle, la petite vie divine se forme en elle. Et en progressant dans la pratique de la vie dans ma Volonté, cette vie divine continue à
croître et à s’étendre, au point de remplir toute l’âme de cette vie, de telle sorte qu’il ne reste plus d’elle qu’un voile qui la recouvre et la cache en elle-même. Et il en est de ma Volonté comme de ces vertus : si la créature ne donne pas l’aliment naturel de ses actes à la vie divine qui est en elle, cette vie ne grandit pas et ne la remplit pas entièrement.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Un semeur s’en alla semer. Ses champs étaient nombreux et de différentes valeurs. Certains étaient un héritage de son père et la négligence y avait laissé proliférer les plantes épineuses. D’autres, c’était lui qui les avait acquis : il les avait achetés tels quels à un homme négligent et les avait laissés dans cet état.
D’autres encore étaient coupés de routes car cet homme aimait le confort et il ne voulait pas faire beaucoup de chemin pour aller d’une pièce à l’autre. Enfin il y en avait quelques-uns, les plus proches de la maison auxquels il avait consacré tous ses soins pour avoir une vue agréable devant sa demeure. Ces derniers étaient bien débarrassés des cailloux, des ronces, du chiendent et d’autres encore.
L’homme prit donc son sac de grains de semence, les meilleurs des grains, et il commença l’ensemencement. Le grain tomba dans la bonne terre ameublie, labourée, propre, bien fumée des champs les plus proches de la maison. Il tomba sur les champs coupés de chemins et de sentiers, en y amenant de plus la crasse de poussières arides sur la terre fertile. Une autre partie tomba sur les champs où l’ineptie de 1’homme avait laissé proliférer les plantes épineuses. Maintenant la charrue les avait bousculées, il semblait qu’elles n’existaient plus, mais elles étaient toujours là parce que seul le feu, la radicale destruction des mauvaises plantes les empêche de renaître. Le reste de la semence tomba sur les champs achetés depuis peu et qu’il avait laissés comme ils étaient sans les défricher en profondeur, sans les débarrasser de toutes les pierres répandues dans le sol qui y faisait un pavage où les racines tendres ne pouvaient pénétrer. Et puis, après avoir tout emblavé, il revint à la maison et dit :
“Oh ! c’est bien ! Maintenant je n’ai plus qu’à attendre la récolte”.
179.6 – Et puis il se délectait parce qu’au fil des jours il voyait lever épais le grain dans les champs proches de la maison, et cela poussait… oh ! le soyeux tapis ! et puis les épis… oh ! quelle mer ! puis les blés blondissaient et chantaient, en battant épi contre épi, un hosanna au soleil. L’homme disait : “Tous les autres champs vont être comme ceux-ci ! Préparons les faux et les greniers. Que de pain ! Que d’or !” Et il se délectait… Il coupa le grain des champs les plus proches et puis passa à ceux hérités de son père, mais laissés sans culture. Et il en resta bouche bée. Le grain avait abondamment poussé car les champs étaient bons et la terre, amendée par le père, était grasse et fertile. Mais sa fertilité avait agi aussi sur les plantes épineuses, bousculées mais toujours vivaces.
169> Elles avaient repoussé et avaient formé un véritable plafond de ramilles hérissées de ronces au travers duquel le grain n’avait pu sortir qu’avec quelques rares épis. Le reste était mort presque entièrement, étouffé.
L’homme se dit : “J’ai été négligent à cet endroit, mais ailleurs il n’y avait pas de ronces, cela ira mieux”. Et il passa aux champs récemment acquis. Sa stupeur fit croître sa peine. Maigres et maintenant desséchées les feuilles du blé gisaient comme du foin sec répandu de partout. Du foin sec. “Mais comment ? Mais comment ?” disait l’homme en gémissant. “Et pourtant, ici il n’y a pas d’épines ! Et pourtant la semence était la même ! Et pourtant le blé avait poussé épais et beau ! On le voit aux feuilles bien formées et nombreuses. Pourquoi alors tout est-il mort sans faire d’épis ?” Et avec douleur il se mit à creuser le sol pour voir s’il trouvait des nids de taupes ou autres fléaux. Insectes et rongeurs non, il n’y en avait pas. Mais, que de pierres, que de pierres ! Un amas de pierraille. Les champs en étaient littéralement pavés et le peu de terre qui les recouvrait n’était qu’un trompe-l’œil. Oh ! s’il avait creusé le terrain quand c’était le moment ! Oh ! s’il avait creusé avant d’accepter ces champs et de les acheter comme un bon terrain ! Oh ! si au moins, après avoir fait l’erreur de les acheter au prix proposé sans s’assurer de leur qualité, il les avait améliorés en se fatiguant ! Mais désormais c’était trop tard et les regrets étaient inutiles.
L’homme se releva humilié et il se rendit aux champs qu’il avait coupés de petits chemins pour sa commodité… Et il déchira ses vêtements de douleur. Ici, il n’y avait rien, absolument rien… La terre foncée du champ était couverte d’une légère couche de poussière blanche… L’homme tomba sur le sol en gémissant: “Mais ici, pourquoi ? Ici il n’y a pas d’épines ni de pierres, car ce sont nos champs. L’aïeul, le père, moi-même, nous les avons toujours possédés et pendant des lustres et des lustres nous les avons rendus fertiles. J’y ai ouvert les chemins, j’ai enlevé de la terre aux champs, mais cela ne peut les avoir rendus stériles à ce point…” Il pleurait encore quand une réponse à ses plaintes douloureuses lui fut donnée par une bande de nombreux oiseaux qui s’abattaient des sentiers sur le champ et du champ sur les sentiers pour chercher, chercher, chercher des graines, des graines, des graines… Le champ, devenu un canevas de sentiers sur les bords desquels était tombé du grain, avait attiré une foule d’oiseaux qui avaient mangé d’abord le grain tombé sur les chemins et puis celui du champ jusqu’au dernier grain.
170> Ainsi l’ensemencement, le même pour tous les champs, avait donné ici le cent pour un, ailleurs soixante, ailleurs trente, ailleurs rien. Entende qui a des oreilles pour entendre. La semence c’est la Parole: elle est la même pour tous. Les endroits où elle tombe : ce sont vos cœurs. Que chacun en fasse l’application et comprenne. La paix soit avec vous.” Tome 3, chapitre 179.