En ce temps-là, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
« J’ai soif. » Jn 19, 28
Ce « J’ai soif » est resté et continue de dire « J’ai soif ».
Le livre du Ciel Tome 36, 20 avril 1938
Ma bonne fille, la souffrance qui m’a le plus transpercé sur la croix fut ma soif ardente. Je me sentais brûler vivant. Tous les fluides vitaux étaient sortis par mes plaies. Ces plaies, comme autant de bouches, brûlaient et
ressentaient une soif ardente qui voulait se satisfaire, et incapable de me contenir, je criai : « J’ai soif ! » Ce « J’ai soif » est resté et continue de dire « J’ai soif ». Je n’arrête jamais de le dire. Avec mes plaies ouvertes et ma bouche brûlante, je dis toujours : « Je brûle, j’ai soif ! » Ah ! donne-moi une petite goutte de ton amour pour calmer un peu ma soif ardente. En tout ce que fait la créature, je lui répète toujours la bouche ouverte et brûlante : « Donne-moi à boire, j’ai une soif ardente. » De même que mon humanité disloquée et blessée n’avait qu’un seul cri : « J’ai soif », lorsque la créature marche, je crie à ses pas, la bouche brûlante : « Donne-moi tes pas faits pour mon amour afin de me désaltérer. » Si la créature travaille, je lui demande ses œuvres accomplies uniquement pour mon amour pour rafraîchir ma soif ardente. Si la créature parle, je lui demande ses paroles. Si elle pense, je lui demande ses pensées comme autant de petites gouttes d’amour pour apaiser ma soif ardente. Ce n’était pas seulement ma bouche qui était brûlante, mais ma sainte Humanité tout entière qui ressentait le besoin extrême d’un bain
rafraîchissant pour éteindre le feu d’amour ardent qui me brûlait. Et comme c’était pour les créatures que je brûlais au milieu de souffrances atroces, elles seules pouvaient avec leur amour apaiser ma soif ardente et donner à mon Humanité un bain rafraîchissant. Ce cri : « J’ai soif », je l’ai laissé dans ma Volonté. Ma Volonté a pris l’obligation de le faire entendre à chaque instant dans les oreilles des créatures, de les amener à compatir à ma soif ardente, à leur donner mon bain d’amour et à recevoir leur bain d’amour, même si ce ne sont que des petites gouttes pour étancher la soif qui me dévore. Mais qui m’écoute ? Qui ressent pour moi de la compassion ? Uniquement celle qui vit dans ma Volonté. Toutes les autres sont sourdes et peut-être que ma soif augmente avec leur ingratitude, ce qui me rend inquiet et sans espoir d’être soulagé. Ce n’est pas seulement mon « J’ai soif », mais tout ce que j’ai fait et dit dans ma Volonté qui est toujours dans l’acte de dire à ma douloureuse Maman : « Maman, voici tes enfants. » Et je la mets à leur côté pour les aider et les guider, et la faire aimer par ses enfants. Et elle, à chaque instant, se sent placée au côté de ses enfants par son Fils. Et, oh ! combien elle les aime en Mère et leur donne sa maternité pour me faire aimer comme elle m’aime. Mieux encore, en leur donnant sa maternité,
elle met également la perfection parmi les créatures afin qu’elles puissent s’aimer entre elles d’un amour maternel : un amour de sacrifice, désintéressé et constant. Mais qui reçoit tous ces biens ? Celles qui vivent dans notre Fiat et ressentent la maternité de la Reine. On peut dire qu’elle met dans la bouche de ses enfants son Cœur maternel
afin qu’ils puissent s’allaiter et recevoir la maternité de son amour, sa douceur, et tout l’héritage dont son Cœur maternel est enrichi. Ma fille, la créature qui veut nous trouver et recevoir tous nos biens et ma Mère elle-même doit entrer dans notre Volonté et y rester.
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Le ciel devient toujours plus sombre. Il est désormais rare que les nuages s’entrouvrent pour laisser passer le soleil. Ils s’amoncellent au contraire en couches de plus en plus épaisses, blanches, verdâtres, ils se surmontent, se démêlent selon les caprices d’un vent froid qui parcourt le ciel par intervalles, puis descend sur la terre, puis se tait de nouveau ; l’air est presque plus sinistre quand il se tait, étouffant et mort, que quand il siffle, coupant et rapide.
La lumière, d’abord vive outre mesure, est en train de devenir blafarde. Les visages prennent des teintes bizarres. Les soldats, sous leurs casques et dans leurs cuirasses d’abord brillantes, mais dorénavant enveloppées dans une lumière glauque sous un ciel de cendre, présentent des profils durs comme s’ils étaient sculptés. Les juifs, en majorité bruns de peau, de cheveux et de barbe, ont l’air de noyés tant leurs visages deviennent terreux. Les femmes ressemblent à des statues de neige bleutée à cause de leur pâleur exsangue que la lumière accentue.
Jésus paraît devenir sinistrement livide, comme s’il commençait à se décomposer, comme s’il était déjà mort. Sa tête commence à retomber sur la poitrine. Les forces lui manquent rapidement. Il tremble malgré la fièvre qui le brûle. Et dans sa faiblesse, il murmure le nom qu’il ne prononçait jusqu’ici qu’au fond de son cœur :
« Maman ! Maman ! »
Il le murmure doucement, comme dans un soupir, comme s’il éprouvait déjà un léger délire qui l’empêche de se retenir autant que sa volonté le voudrait. Et Marie, chaque fois, ne peut s’empêcher de lui tendre les bras comme pour le secourir.
Les gens cruels rient de ce spasme du Mourant et de celle qui le partage. Prêtres et scribes montent de nouveau par derrière les bergers, qui cependant se tiennent sur la plateforme basse. Comme les soldats voudraient les repousser, ils réagissent :
« Ces Galiléens n’y sont-ils pas ? C’est aussi notre place, car il nous faut vérifier que justice est faite complètement, or nous ne pouvons pas voir de loin dans cette lumière étrange. »
En fait, beaucoup commencent à être impressionnés par la lueur qui est en train d’envelopper le monde ; certains même ont peur. Les soldats eux aussi regardent le ciel, car une sorte de cône qui semble de l’ardoise tant il est sombre, s’élève comme un pin derrière un sommet. On pourrait croire à une trombe marine. Il s’élève, s’élève et produit des nuages de plus en plus noirs, comme si c’était un volcan vomissant de la fumée et de la lave.
C’est dans cette lumière crépusculaire et effrayante que Jésus donne Jean à Marie et Marie à Jean. Il penche la tête, car la Mère, pour mieux voir, s’est mise plus près sous la croix, et il lui dit :
« Femme, voici ton fils. Fils, voici ta Mère. »
Marie a le visage encore plus bouleversé après cette parole, le testament de son Jésus, qui n’a rien à donner à sa Mère sinon un homme, lui qui, par amour de l’homme, la prive de l’Homme-Dieu né d’elle. Mais elle, la pauvre Marie, s’efforce de ne pleurer que silencieusement, car elle ne peut pas, elle ne peut pas s’en empêcher… Ses larmes coulent malgré les efforts qu’elle fait pour les retenir, bien que sa bouche garde un sourire déchirant qu’elle fixe sur ses lèvres pour lui, pour le réconforter lui…
Les souffrances ne cessent d’augmenter et la lumière ne cesse de décroître. Tome 10 – ch 609.15