Samedi 21 janvier 2023 - Missionnaires de la Divine Volonté

SAINTE AGNÈS

De l’Évangile de Marc 3, 20-21

En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »

« Il a perdu la tête. » Mc 3,21
Je ne suis pas compris par quelqu’un qui n’est pas dépouillé de tout et de tous.

 

Le livre du Ciel Tome 10, 15 janvier 1911
« Ma fille ! Allez voir les chefs ? Allez voir les évêques ? Le poison des intérêts a envahi tout le monde. Et puisque
presque tout le monde est en proie à cette fièvre pesteuse, le courage d’apporter la correction nécessaire leur manque ainsi que le courage d’élever une barrière entre les prêtres et ceux sur qui ils dépendent. De plus, je ne suis pas compris par quelqu’un qui n’est pas dépouillé de tout et de tous. Ma voix résonne mal à leur oreille. Ça leur paraît plutôt une absurdité, quelque chose qui ne convient pas à leur condition humaine. Si je parle avec toi, nous nous comprenons assez bien. S’il n’y a pas autre chose, je trouve au moins une ouverture pour exprimer ma douleur. Et toi, tu vas m’aimer davantage parce que tu connais mon amertume. »

Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Sainte Agnès, vierge et martyre
Jésus dit :
« Il est dit : Dieu “qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême.”
Mes plus vrais disciples ne diffèrent pas et n’ont jamais différé de leur Dieu. A son exemple et pour sa gloire, ils ont fait preuve, envers lui et envers les hommes, d’un amour sans mesure qui va jusqu’à la mort.
Je t’ai déjà dit que la mort d’Agnès comme celle de Thérèse porte un seul et même nom : amour.
Même si l’épée ou la maladie est la cause apparente de la mort de ces créatures, qui surent aimer avec cet “infini” relatif de la créature (je m’exprime de cette manière pour ceux qui trouvent toujours à chicaner) qui est la copie édulcorée de l’infini parfait de Dieu, “l’amour en est l’agent unique et véritable”. […]
Mais, à cette générosité humaine et surhumaine du martyre d’amour, correspond la générosité divine du Dieu d’amour. C’est moi qui donne leur force à mes héros comme à toutes les victimes du martyre certes non sanglant, mais long et non moins héroïque. Je me fais force en eux. C’est moi qui remplis de force la brebis Agnès comme le vieillard chancelant, la jeune mère comme le soldat, le maître comme l’esclave, et puis, au fil des siècles, la moniale comme l’homme d’Etat qui meurt pour sa foi, la victime ignorée comme le chef spirituel.
Ne cherchez pas au fond de leur cœur et sur leurs lèvres d’autre perle et d’autre saveur que celle-ci : “Jésus.”
“Moi, Jésus, je suis là où la sainteté rayonne et où la charité se communique”. »
Il est minuit. A peine Jésus a-t-il terminé de me dicter ce passage que je repense à ma vision de ce soir.
⁂ ⁂ ⁂
[Maria Valtorta décrit : ]
Contre le mur se trouvait une sorte de trône composé d’une plate-forme en marbre soutenant un siège. Un Romain de l’Antiquité se tenait sur ce siège. Je compris par la suite qu’il s’agissait du préfet impérial. Contre les autres murs, il y avait des statues et des statuettes de dieux ainsi que des trépieds pour l’encens. Au milieu de cette salle – ou de ce portique – se trouvait un espace vide avec une grande dalle de marbre blanc. Sur le mur qui faisait face au siège de ce magistrat s’ouvrait le vrai portique, par lequel on voyait la place et la rue.
Tandis que j’observais ces détails ainsi que l’expression hargneuse du préfet, trois petites jeunes filles entrèrent dans le vestibule, portique ou salle (comme vous voudrez).
L’une d’elles était toute jeune, presque une enfant. Elle était entièrement vêtue de blanc : une tunique qui la recouvrait complètement et ne laissait voir qu’un cou mince et de petites mains aux poignets d’enfant. Elle avait la tête couverte et elle était blonde. Elle était coiffée simplement, avec une raie au milieu et deux tresses lourdes et longues sur les épaules. Le poids de ses cheveux était tel qu’il lui faisait cambrer légèrement la tête en arrière, lui donnant ainsi, involontairement, un port de reine. A ses pieds, un petit agneau de quelques jours folâtrait, tout blanc et le museau rose comme la bouche d’un bébé.
A quelques pas derrière cette enfant se tenaient les deux autres adolescentes. L’une était presque du même âge que la première, mais en plus robuste et à l’aspect plus populaire. L’autre était déjà plus adulte : elle devait avoir seize ou dix-huit ans au maximum. Elles étaient, elles aussi, habillées de blanc et la tête voilée, mais leurs vêtements étaient plus modestes. On aurait dit des servantes car elles regardaient la première avec respect. Je compris que cette dernière, c’était Agnès, celle du même âge Emerentiana ; quant à la dernière, je l’ignore.
Agnès, souriante et sûre d’elle-même, s’avança auprès de la plate-forme du magistrat. J’entendis alors le dialogue suivant :
« Tu désirais me voir ? Me voici.
– Je ne crois pas que, lorsque tu sauras pourquoi je t’ai fait venir, tu traiteras encore mon geste de désir. Tu es chrétienne ?
– Oui, par la grâce de Dieu.
– te rends-tu compte de ce que cette affirmation peut entraîner pour toi ?
– Le ciel.
– Fais attention ! La mort est laide et tu n’es qu’une enfant. Ne souris pas, parce que je ne plaisante pas.
– Moi non plus. Je te souris parce que tu es le médiateur de mes noces éternelles, et je t’en suis reconnaissante.
– Pense plutôt aux noces terrestres. Tu es belle et riche. Beaucoup pensent déjà à toi. Tu n’as qu’à choisir pour être patricienne.
– Mon choix est déjà fait. J’aime le seul qui soit digne d’être aimé ; cette heure est celle de mes noces et ce lieu en est le temple. J’entends la voix de l’Epoux qui vient, et déjà j’en vois le regard amoureux. C’est à lui que je sacrifie ma virginité afin qu’il en fasse une fleur éternelle.
– A ce propos, si tu te soucies d’elle et de ta vie, sacrifie tout de suite aux dieux. C’est la loi qui le veut.
– J’ai un seul vrai Dieu et c’est bien volontiers que je lui sacrifie. »
Il semble alors que des assistants du préfet aient donné à Agnès un vase contenant de l’encens afin qu’elle le verse sur le trépied qu’elle choisirait, devant un dieu.
« Ce ne sont pas là les dieux que j’aime. Mon Dieu, c’est notre Seigneur Jésus Christ. C’est à lui, que j’aime, que je me sacrifie moi-même. »
Il m’a semblé, à ce moment, que le préfet, irrité, ait ordonné à ses assistants de mettre les fers aux poignets d’Agnès pour l’empêcher de fuir ou de commettre quelque acte irrévérencieux envers les idoles ; à partir de cet instant, elle fut considérée comme coupable et prisonnière.
Mais la vierge se tourna vers le bourreau en souriant : « Ne me touche pas. Je suis venue ici spontanément, parce que c’est là que m’appelle la voix de l’Epoux qui, du ciel, m’invite aux noces éternelles. Je n’ai pas besoin de tes menottes ni de tes chaînes. C’est seulement si tu voulais me traîner faire le mal qu’il te faudrait me les mettre. Peut-être même ne serviraient-elles pas, car mon Seigneur Dieu les rendrait plus inutiles qu’un fil de lin aux poignets d’un géant. Mais pour aller à la rencontre de la mort, de la joie, des noces avec le Christ, non, tes chaînes ne servent à rien, mon frère. Je te bénis si tu m’offres le martyre. Je ne m’enfuis pas. Je t’aime et je prie pour ton âme. »
Belle, blanche, droite comme un lys, Agnès était une vision céleste à l’intérieur de la vision.
Les Cahiers de 1944, 13 janvier