” Ma fille, si tu veux passer de mon amour consumant à mon amour agissant, tu me verras immergé dans des souffrances incommensurables et sans fin. Considère combien chaque âme conçue en moi m’a apporté le poids de ses péchés, de ses faiblesses, de ses passions ; l’amour m’a fait porter le fardeau de chacune de ces âmes. Après avoir conçu leurs âmes en moi-même, j’ai également conçu les douleurs et les réparations que chacune d’elle devait à mon Père des cieux. Ne sois donc pas surprise d’apprendre que ma passion fut conçu dans ma conception même.
Regarde attentivement dans le Sein de ma Mère et tu verras combien fut aigu la torture de mes innombrables douleurs ! Observe bien ma petite tête, elle est entourée d’une couronne d’épines qui la transperce cruellement et fait couler de mes yeux des larmes abondantes et amères. Ah ! tes mains sont libres : pourquoi ne sèches-tu pas mes larmes par compassion pour moi !?
Ma fille, cette couronne d’épines n’est autre que la cruelle couronne que les créatures me font porter par leur esprit rempli de mauvaises pensées. Oh ! Combien elles me font souffrir ! Oh ! Quels longs neuf mois de couronnement ! Et comme si cela ne suffisait pas, les hommes me transpercent les mains et les pieds pour satisfaire la justice divine. De fait, ils vivent à la recherche de profits illégaux tout en utilisant des chemins tortueux, en commettant toutes sortes d’injustices. Dans un tel état, il m’est impossible de bouger le doigt, la main ou le pied. Je suis constamment immobile, tant à cause de ce continuel crucifiement que de l’espace restreint où je vis. Et dire que ce crucifiement a duré neuf longs mois.
Ma fille, sais-tu pourquoi je suis constamment couronné d’épines et crucifié ? C’est parce que l’humanité ne cesse de manigancer des desseins immoraux et de commettre des actions dépravantes, toutes choses qui prennent sans arrêt la forme de clous et d’épines qui me transpercent les tempes, les mains et les pieds.”
Alors jésus, à bout de souffle et toujours en proie à la souffrance, continua à me raconter les douleurs, les peines et le martyre de sa petite humanité dans le Sein maternel, paroles que je ne rapporte pas entièrement afin que ce ne soit pas trop long. D’ailleurs, mon cœur lui-même ne peut endurer davantage de vous raconter tout ce que Jésus a souffert ici, dans ce Sein, par amour pour nous. Je ne pourrais que pleurer amèrement ; mais tout à coup sa voix plaintive me fit vibrer à nouveau intérieurement et murmura à mon cœur :
” Oh ma fille, comme j’aimerais t’embrasser en échange de l’amour douloureux que tu ressens pour moi, mais pour le moment, je ne le peux pas. Comme tu le vois, je suis enfermé dans ce petit espace qui m’empêche de bouger. J’aimerais aller vers toi, mais comme je ne marche pas encore, cela m’est impossible. Fille de mon premier amour douloureux, viens très souvent à moi et embrasse-moi. Ainsi, lorsque je quitterai le Sein maternel, j’irai vers toi pour t’embrasser et demeurer avec toi”.
Pendant que je m’imaginais avec lui dans le Sein de sa Mère, et je le caressais et le pressais sur mon cœur brisé, j’entendis de nouveau intérieurement sa voix qui disait :
“Cela suffit pour le moment, ma fille. Va maintenant et considère le cinquième excès de mon amour ; même s’il est rejeté et rendu à l’impuissance par tous, mon amour ne peut jamais ni s’arrêter, ni reculer, mais bien au contraire il surmonte tout et va toujours plus loin”.