Jésus se tait, et comme s’il voulait couper court à toute discussion, se tourne vers l’enceinte du Temple. Mais un docteur de la Loi, qui s’était assis pour écouter sérieusement sous le portique, se lève et s’avance en demandant :
“Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? Tu as répondu à d’autres, réponds-moi à moi aussi.”
“Pourquoi veux-tu me tenter ? Pourquoi veux-tu mentir ? Espères-tu que je dise des choses qui déforment la Loi parce que je lui ajoute des idées plus lumineuses et plus parfaites ? Qu’est-ce qui est écrit dans la Loi ? Réponds ! Quel est son principal commandement ?”
“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, de toute ton intelligence. Tu aimeras ton prochain comme toi-même”
[2].
“Voilà, tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie éternelle.”
“Et, qui est mon prochain ? Le monde est plein de gens qui sont bons et mauvais, connus ou inconnus, amis et ennemis d’Israël. Qui est mon prochain ?”
Un lévite vint à passer. Devait-il se contaminer, lui qui devait servir au Temple ? Allons donc ! Il releva son vêtement pour ne pas se souiller de sang. Il jeta un regard fuyant sur celui qui gémissait dans son sang et hâta le pas vers Jérusalem, vers le Temple.
En troisième lieu, venant de la Samarie, en direction du gué, arriva un samaritain. Il vit le sang, s’arrêta, découvrit le blessé dans le crépuscule qui avançait, descendit de sa monture, s’approcha du blessé, lui donna des forces avec une gorgée d’un vin généreux. Il déchira son manteau pour en faire des bandages, puis il lava les blessures avec du vinaigre et les oignit avec de l’huile, et le banda affectueusement. Après avoir chargé le blessé sur sa monture, il conduisit avec précaution l’animal, soulevant en même temps le blessé, le réconfortant par de bonnes paroles sans se préoccuper de la fatigue et sans dédain pour ce blessé, bien qu’il fût de nationalité juive. Arrivé en ville, il le conduisit à l’auberge, le veilla toute la nuit et à l’aube, voyant qu’il allait mieux, le confia à l’hôtelier lui donnant d’avance des deniers pour le payer et lui dit : “Aies-en soin comme si c’était moi-même. À mon retour, ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai, et bonne mesure si tu as bien fait ce qu’il fallait”. Et il s’en alla.
Docteur de la Loi, réponds-moi. Lequel de ces trois a été le “prochain” pour l’homme tombé aux mains des voleurs ? Le prêtre, peut-être ? Peut-être le lévite ? Ou non pas plutôt le samaritain ? Il ne se demanda pas qui était le blessé, pourquoi il était blessé, s’il agissait mal en le secourant, en perdant son temps, son argent et en risquant d’être accusé de l’avoir blessé ?”
Le docteur de la Loi répond :
“Le prochain c’est ce dernier car il a usé de miséricorde.”
“Toi aussi, fais la même chose et tu aimeras le prochain et Dieu dans le prochain, méritant ainsi la vie éternelle.”
Tome 4, chapitre 281.