De l’évangile de Mathieu 18, 1-5.10
Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Mt 18,4
Plus je veux faire de grandes choses dans une âme, plus je la choisis petite.
Le livre du Ciel Tome 16, 10 novembre 1923
J’étais totalement abandonnée dans les bras de mon doux Jésus. Pendant que je le priais, je vis mon âme comme très petite, d’une petitesse extrême. J’ai pensé : « Comme je suis petite ! Jésus avait raison de me dire que j’étais la plus petite de toutes. J’aimerais vraiment savoir si je suis la plus petite de toutes. » Bougeant en moi, mon toujours aimable Jésus me montra qu’il prenait cette petite dans ses bras et la pressait sur son Cœur pendant qu’elle le laissait faire tout ce qu’il voulait d’elle. Il me dit : « Ma chère petite, je t’ai choisie petite parce que les petits permettent qu’on fasse d’eux ce qu’on veut. Il ne marchent pas par eux-mêmes mais se laissent guider ; plus encore, ils ont peur de poser leurs pieds par terre par eux-mêmes. S’ils reçoivent des cadeaux, se sentant incapables de les tenir, ils les placent sur les genoux de leur maman. Les petits sont dépouillés de tout et ne se
préoccupent pas de savoir s’ils sont riches ou pauvres ; ils ne se préoccupent de rien. « Oh ! comme il est beau l’âge tendre, tout rempli de grâce, de beauté et de fraîcheur ! Plus je veux faire de grandes choses
dans une âme, plus je la choisis petite. J’aime beaucoup la fraîcheur et la beauté des enfants. J’aime tellement les âmes petites que je les conserve dans la petitesse et le néant d’où elles viennent. Je ne laisse entrer en elles rien d’elles-mêmes afin qu’elles ne perdent pas leur petitesse et, qu’ainsi, leur fraîcheur et leur beauté initiales soient préservées. »
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
Un enfant de sept à huit ans court derrière Jésus en sautillant. Il le rejoint en dépassant le groupe plus qu’animé des apôtres. C’est un bel enfant aux cheveux châtain foncé, courts et tout bouclés. Dans son visage mat, brillent deux yeux noirs intelligents. Il appelle avec familiarité le Maître, comme s’il le connaissait bien.
« Jésus, dit-il, tu me laisses venir avec toi jusqu’à ta maison ?
– Est-ce que ta mère le sait ? demande Jésus en le regardant avec un doux sourire.
– Elle le sait.
– Vraiment ? »
Jésus, tout en souriant, le fixe d’un regard pénétrant.
« Oui, Jésus, vraiment.
– Alors, viens. »
L’enfant fait un saut de joie et saisit la main gauche que Jésus lui tend. C’est avec une amoureuse confiance que l’enfant glisse sa petite main brune dans la longue main de mon Jésus. Je voudrais bien en faire autant moi-même !
« Raconte-moi une belle parabole, Jésus » dit l’enfant en sautant aux côtés du Maître et en l’observant par en dessous avec un petit visage rayonnant.
Jésus aussi le regarde avec un sourire joyeux qui lui fait entrouvrir la bouche qu’ombragent des moustaches et une barbe blond-roux que le soleil fait briller comme de l’or. Ses yeux de saphir foncé rient de bonheur quand il les pose sur l’enfant.
« Qu’as-tu à faire d’une parabole ? Ce n’est pas un jeu.
– C’est plus beau qu’un jeu. Quand je vais dormir, j’y repense, puis j’en rêve et le lendemain je m’en souviens et je me la redis pour être gentil. Elle me rend plus sage.
– Tu t’en souviens ?
– Oui. Veux-tu que je te dise toutes celles que tu m’as racontées ?
– Tu es un bon garçon, Benjamin, meilleur que les hommes qui oublient. En récompense, je te dirai la parabole. »
L’enfant ne saute plus. Il marche, sérieux, attentif comme un adulte, et ne perd pas un mot, pas une inflexion de la voix de Jésus qu’il regarde avec attention, sans même regarder où il met ses pieds.
« Un berger qui était très bon apprit qu’il y avait dans un endroit de la création un grand nombre de brebis abandonnées par des bergers qui étaient mauvais. Elles étaient en danger sur d’affreux chemins, dans des herbages empoisonnés et elles s’approchaient de plus en plus de sombres ravins. Il alla dans ce pays et, déposant tout ce qu’il avait, il acheta ces brebis et ces agneaux.
Il voulait les amener dans son royaume, parce que ce berger était roi comme l’ont été aussi de nombreux rois en Israël. Dans son royaume, ce troupeau aurait trouvé des pâturages sains, de l’eau fraîche et pure, des chemins sûrs et des abris solides contre les voleurs et les loups féroces. C’est pourquoi ce berger rassembla ses brebis et ses agneaux pour leur dire : “ Je suis venu vous sauver, vous amener là où vous ne souffrirez plus, où vous ne connaîtrez plus ni pièges ni malheurs. Aimez-moi, suivez-moi, car je vous aime beaucoup et, pour vous posséder, j’ai fait toutes sortes de sacrifices. Mais si vous m’aimez, mon sacrifice ne me pèsera pas. Suivez-moi et partons. ” Et le berger en avant, les brebis à la suite, prirent le chemin qui mène au royaume de la joie.
A chaque instant, le berger se retournait pour voir si elles le suivaient, pour exhorter celles qui étaient fatiguées, encourager celles qui perdaient confiance, secourir les malades, caresser les agneaux. Comme il les aimait ! Il leur donnait son pain et son sel. Il commençait par goûter l’eau des sources pour voir si elle était saine et la bénissait pour la rendre sainte.
Mais les brebis – peux-tu croire cela, Benjamin ? – les brebis, après quelque temps, se lassèrent. Une d’abord, puis deux, puis dix, puis cent restèrent en arrière à brouter l’herbe jusqu’à se gaver au point de ne plus pouvoir bouger et elles se couchèrent, fatiguées et repues, dans la poussière et dans la boue. D’autres se penchèrent sur les précipices, malgré les paroles du berger : “ Ne le faites pas. ” Comme il se mettait là où il y avait un plus grand danger pour les empêcher d’y aller, certaines le bousculèrent de leurs têtes arrogantes et plus d’une fois essayèrent de le jeter dans le précipice. Ainsi beaucoup finirent dans les ravins et moururent misérablement. D’autres se battirent à coups de cornes et de têtes, et s’entretuèrent.
Seul un agnelet ne s’écarta jamais. Il courait en bêlant et, par ses bêlements, il disait au berger : “ Je t’aime. ” Il courait derrière le bon berger et quand ils arrivèrent à la porte de son royaume, il n’y avait qu’eux deux : le berger et l’agnelet fidèle. Alors le berger ne dit pas : “ Entre ”, mais : “ Viens ” ; il le prit sur sa poitrine, dans ses bras, et l’amena à l’intérieur en appelant tous ses sujets et en leur disant : “ Voici. Celui-ci m’aime. Je veux qu’il soit avec moi pour toujours. Quant à vous, aimez-le, car c’est celui que mon cœur préfère. ”
La parabole est finie, Benjamin. Maintenant peux-tu me dire qui est ce bon berger ? Tome 5 – ch 352.6