De l’évangile de Matthieu 14, 22-36
Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer Mt 14, 30
L’abandon donne les ailes pour pouvoir voler en ma Volonté. Si l’abandon cesse, l’âme perd son envol et ses ailes sont détruites.
Le livre du Ciel Tome 16, 2 février 1924
« Ma fille, ma Volonté est la vie et le mouvement de tout. Mais sais-tu qui prend son envol dans ma Volonté Éternelle de manière à pouvoir se déplacer comme elle dans la sphère de l’éternité, à être partout où elle est et à faire tout ce qu’elle fait ? C’est l’âme complètement abandonnée en ma Sainte Volonté. L’abandon donne les ailes pour pouvoir voler en ma Volonté. Si l’abandon cesse, l’âme perd son envol et ses ailes sont détruites. Tous ressentent la motion, la vie de ma Volonté, car il n’y a pas de mouvement qui ne vienne de moi ; mais beaucoup restent au point où ils sont. Seulement ceux qui ont les ailes de l’abandon en moi et qui suivent le courant de ma Volonté planent au-dessus de tout, autant dans le Ciel que sur la terre ; ils entrent dans la sphère de l’éternité, se déplacent au sein des trois Personnes divines, pénètrent dans leurs plus intimes cachettes, et ont connaissance de leurs secrets et de leurs béatitudes.
« Cela se passe comme pour un moteur qui a sa roue principale au centre avec plusieurs autres petites roues se trouvant autour et
demeurant immobiles. Lorsque la roue principale tourne, les petites roues perçoivent le mouvement, mais n’arrivent pas à toucher la roue principale, elles ne savent rien de ce que fait la roue principale ni des biens qu’elle contient. Mais il y a une petite roue, non immobile, qui, par le moyen d’un mécanisme spécial, tourne continuellement en faisant sa tournée au milieu de toutes les petites roues, pour ensuite se joindre à chaque mouvement de la roue principale et recommencer sa tournée au milieu des petites
roues. « La petite roue en mouvement sait ce qu’il y a dans la roue principale et prend part aux biens qu’elle contient. La roue principale est ma Volonté, les petites roues immobiles sont les âmes abandonnées à elles-mêmes et qui sont ainsi immobiles dans le bien ; la petite roue en mouvement est l’âme qui vit dans ma Volonté, et le mécanisme spécial est le total abandon en moi.
Ainsi, chaque manque d’abandon en moi est une tournée que tu perds dans la sphère de l’éternité. Oh ! si tu savais ce que signifie
perdre une tournée éternelle ! »
Correspondances dans « L’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta :
La soirée est avancée. Il fait presque nuit car on y voit à peine sur le sentier qui grimpe sur un coteau où l’on distingue çà et là des arbres. Je crois qu’il s’agit d’oliviers mais, étant donné le peu de lumière, je ne puis l’assurer. Bref, ce sont des arbres de taille moyenne, avec une épaisse frondaison et tordus comme le sont d’ordinaire les oliviers.
Jésus est seul, vêtu de blanc et de son manteau bleu foncé. Il monte et s’engage parmi les arbres. Il marche d’un pas allongé et tranquille, sans hâte, mais du fait de la longueur de ses foulées il fait, sans se presser, beaucoup de chemin. Il marche jusqu’à ce qu’il atteigne une sorte de balcon naturel d’où la vue s’étend sur le lac, bien paisible sous la lumière des étoiles dont les yeux de lumière fourmillent maintenant dans le ciel. Le silence enveloppe Jésus de son étreinte reposante. Il le détache des foules et de la terre et les lui fait oublier, en l’unissant au ciel qui semble s’abaisser pour adorer le Verbe de Dieu et le caresser de la lumière de ses astres.
Jésus prie dans sa pose habituelle : debout, les bras en croix. Il a derrière lui un olivier et paraît crucifié sur ce tronc sombre. La frondaison le dépasse de peu, grand comme il est, et remplace, par une parole qui convient au Christ, l’inscription de la croix. Là-bas, il est écrit : « Roi des juifs », ici : « Prince de la paix ». L’olivier pacifique s’exprime bien pour qui sait voir et entendre.
Jésus prie longuement, puis il s’assied sur le balcon qui sert de base à l’olivier, sur une grosse racine qui dépasse et il prend son attitude habituelle : les mains jointes et les coudes sur les genoux. Il médite. Qui sait quelle divine conversation il échange avec le Père et l’Esprit en ce moment où il est seul et peut être tout à Dieu. Dieu avec Dieu !
Il me semble que plusieurs heures passent ainsi car je vois les étoiles se déplacer et plusieurs sont déjà descendues à l’occident.
Au moment où un semblant de lumière – ou plutôt de luminosité, parce que cela ne peut encore s’appeler lumière – se dessine à l’extrême horizon du côté de l’orient, un frisson de vent secoue l’olivier. Il s’apaise, puis il reprend plus fort. Avec des pauses syncopées, il devient de plus en plus violent. La lumière de l’aube qui commençait à peine est arrêtée dans sa progression par une masse de nuages noirs qui viennent occuper le ciel, poussée par des rafales de vent toujours plus fortes. Le lac aussi a perdu sa tranquillité. Il me semble qu’il va subir une bourrasque comme celle que j’ai déjà vue dans la vision de la tempête. Le bruissement des feuilles et le grondement des flots remplissent maintenant l’espace, qui était si paisible peu de temps auparavant.
Jésus sort de sa méditation. Il se lève. Il regarde le lac. A la lumière des étoiles qui restent et de cette pauvre aube bien malade, il y cherche des yeux la barque de Pierre et la voit s’avancer péniblement vers la rive opposée, mais sans y arriver. Alors Jésus s’enveloppe étroitement dans son manteau dont il relève le bord, qui traîne et qui le gênerait dans la descente, et il le passe sur sa tête comme si c’était un capuchon. Il descend rapidement, non par la route qu’il avait suivie, mais par un sentier rapide qui rejoint directement le lac. Il va si vite qu’il semble voler.
Il parvient à la rive fouettée par les vagues qui forment sur la grève une bordure bruyante et écumeuse. Il poursuit rapidement son chemin comme s’il ne marchait pas sur l’élément liquide tout agité, mais sur un plancher lisse et solide. Maintenant il devient lui-même lumière. On dirait que le peu de clarté qui parvient encore des rares étoiles qui s’éteignent et de l’aube orageuse se concentre sur lui et forme une sorte de phosphorescence qui éclaire son corps élancé. Il vole sur les flots, sur les crêtes mantes, dans les replis obscurs entre les vagues, les bras tendus en avant. Son manteau se gonfle autour des joues et flotte comme il peut, serré comme il est autour du corps, avec un battement d’ailes.
Les apôtres le voient et poussent un cri d’effroi que le vent porte à Jésus.
« N’ayez pas peur. C’est moi. »
La voix de Jésus, malgré le vent contraire, se propage sans difficulté sur le lac.
« Est-ce bien toi, Maître ? » demande Pierre. « Si c’est toi, dis-moi de venir à ta rencontre en marchant comme toi sur les eaux. »
Jésus sourit : « Viens » dit-il simplement, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde de marcher sur l’eau.
Alors Pierre, à demi-nu puisqu’il ne porte qu’une courte tunique sans manches, saute par-dessus bord et se dirige vers Jésus.
Mais quand il est à une cinquantaine de mètres de la barque et à peu près autant de Jésus, il est pris par la peur. Jusque-là, il a été soutenu par son élan d’amour. Maintenant l’humanité a raison de lui et… il tremble pour sa vie. Comme quelqu’un qui se trouve sur un sol qui se dérobe ou sur des sables mouvants, il commence à chanceler, à s’agiter, à s’enfoncer. Plus il s’agite, convulsé de peur, plus il s’enfonce.
274.4 Jésus s’est arrêté et le regarde. L’air sérieux, il attend sans même lui tendre la main. Il garde les bras croisés. Il ne fait plus un pas et ne dit plus un mot.
Pierre s’enfonce. Les chevilles disparaissent, puis les jambes, puis les genoux. Les eaux lui arrivent à l’aine, la dépassent, montent vers la ceinture. La terreur se lit sur son visage, une terreur qui paralyse aussi sa pensée. Ce n’est plus qu’une chair qui a peur de se noyer. Il ne pense même pas à nager. A rien. Il est hébété par la peur.
Finalement, il se décide à regarder Jésus. Et il suffit qu’il le regarde pour que son esprit commence à raisonner, à saisir où se trouve le salut.
« Maître, Seigneur, sauve-moi ! »
Jésus desserre les bras et, comme s’il était porté par le vent ou par l’eau, il se précipite vers l’apôtre et lui tend la main en disant :
« Homme de peu de foi ! Pourquoi as-tu douté de moi ? Pourquoi as-tu voulu agir tout seul ? »
Pierre, qui s’est agrippé convulsivement à la main de Jésus, ne répond pas. Il le regarde pour voir si le Maître est en colère, il le regarde avec un reste de peur qui se mêle au repentir qui s’éveille.
Mais Jésus sourit et le tient étroitement par le poignet jusqu’à ce que, après avoir rejoint la barque, ils en franchissent le bord et y entrent. Et Jésus ordonne :
« Rejoignez le rivage. Il est tout trempé. »